Dès la publication du décret du 22 février 2024 portant annulation de 204 346 822 € de crédits sur les programmes budgétaires du ministère de la Culture, l’intersyndicale du ministère de la Culture a adressé un courrier à la ministre Rachida Dati demandant la tenue d’un comité social d’administration ministériel (CSAM) extraordinaire « afin de discuter de ces coupes budgétaires et de trouver des solutions préservant l’intégrité et le dynamisme de notre ministère ». Silence radio de la ministre.
Par voie de presse, nous apprenons que Rachida Dati a d’ores et déjà notifié à plusieurs établissements publics du ministère des baisses de budget : Opéra de Paris (- 6M€), Comédie Française (-5M€), musée du Louvre (-3M€), Académie de France à Rome (-1M€), Théâtres nationaux la Colline et Chaillot (-500K€ chacun), Cité de la Céramiques Sèvres et Limoges (-1M€), Mobilier national (-1M€). Comment a-t-elle fait ces choix ? Avec qui ? Selon quels critères ?
Nous n’en saurons rien puisque la ministre a décidé de travailler seule, sans concertation préalable. Pourtant, les textes organisant les compétences des CSA prévoient qu’ils sont obligatoirement consultés sur « la situation budgétaire et financière des établissements dans lesquels ils sont institués ». De surcroit, la tenue d’un CSA est de droit lorsque la demande est exprimée par plus de la moitié des représentant.es de l’instance. Pire encore, le ministère a annulé le CSA ministériel initialement prévu le 2 avril !
Mais c’est à travers la presse qu’elle a choisi d’échanger. Cette méthode de travail en chambre, unilatérale, illustre parfaitement, d’une part, l’absence de considération à l’endroit de ses personnels et à leurs représentant.es. et, d’autre part, une dérive politique qui méprise les processus démocratiques.
Elle illustre aussi une grande duplicité. Nous n’avons pas oublié que lors de ses vœux aux agent.es du ministère, la ministre avait affirmé souhaiter « être quelqu’un de direct, qui aime les échanges, le dialogue avec tous ». De même, lors du CSA ministériel du 9 février 2024 sur les Jeux Olympiques et Paralympiques, la ministre s’était déclarée « à l’écoute, disponible et ouverte à la discussion, notamment sur les enjeux de l’emploi, des concours, des carrières et parcours professionnels de ses personnels ».
La période d’essai pouvait sembler prometteuse mais à l’épreuve des faits, Rachida DATI montre son vrai visage. Ses récentes attaques contre les politiques de prescription des services régionaux archéologiques, si elles donnent une preuve supplémentaire de sa méconnaissance et de son indifférence à l’égard des missions et de l’histoire de notre ministère, traduisent vis-à-vis des puissances de l’argent une obligeance qu’elle ne feint même plus s’agissant des agents du ministères.
Est-il besoin de rappeler que la négociation sur la révision du cadre de gestion de 7500 agent.es contractuel.les du ministère en attente d’une revalorisation salariale, ouverte depuis juillet dernier est à ce jour à l’arrêt ? De même, nous sommes toujours dans l’attente de l’ouverture concrète de la négociation sur l’égalité professionnelle et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
On pouvait légitimement s’interroger : où est Rachida DATI ? la réponse : dans les bureaux feutrés de Valois à sabrer les budgets de certains opérateurs sans « échange » ni « dialogue ».
Halte à l’omerta et aux coupes budgétaires arbitraires !
Paris, le 9 avril 2024