Pour Catherine,
Cher(e)s camarades,
Notre camarade Catherine Lefèbvre s’en est allée le 23 juin des suites d’une longue maladie. Notre tristesse est immense tant le souvenir de l’engagement de Catherine, de sa place et de son rôle dans notre organisation syndicale reste vif et présent.
Catherine est née le 31 décembre 1942 à Paris. Elle y a grandi dans une famille modeste. Les livres étaient peut-être rares à la maison mais qu’importe, dans le jardin ouvert et fécond des bibliothèques de la Ville de Paris elle fit très tôt la rencontre inoubliable et définitive des grands auteurs.
A l’adolescence, son choix est fait : elle sera bibliothécaire. Il est vrai qu’à l’écouter on l’imaginait mal faire autre chose tant sa vie était faite de livres, de lectures, et de partage. Elle aimait à dire que la lecture publique était son métier chouchou. C’est ainsi qu’en octobre 1968, Catherine entre à l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences et des Bibliothèques.
Nommée conservatrice de bibliothèque en 1969, elle est affectée dans le Cher. Elle parcourt les routes du département puis celles de la Réunion à partir de 1981 avec les bibliobus à la rencontre des habitants. Catherine se plaisait à évoquer cette période un peu « camping » des bibliothèques sans jamais oublier de préciser qu’il s’agissait d’une étape parmi d’autres pour faire avancer le service public de la culture.
Elle revient sur le territoire métropolitain en 1991 et est affectée dans le département de l’Essonne. En refusant le mouvement de décentralisation, elle postule à la Bibliothèque nationale de France en 1995. Elle découvre un nouveau métier. L’informatisation des collections est passée par là mais ce n’est certainement pas cela qui va l’empêcher de poursuivre sa mission. L’antenne de Tolbiac vient d’ouvrir. Elle s’investit pleinement dans ce nouveau projet hors norme. Elle prend aussi une part prépondérante à la mobilisation des personnels lors des grandes grèves de 1995.
Catherine parlait avec une passion sans faille de son métier chouchou. Elle avait une connaissance particulièrement aiguisée des bibliothèques et du rôle du Conseil national de la Résistance dans le développement de la politique de la lecture publique en France après la guerre. Le déploiement et l’essor des bibliothèques centrales de prêt en préfectures puis dans les départements suite aux lois de décentralisation, comme l’aventure des bibliobus n’avaient pas de secret pour elle. Catherine avait vécu tout cela avec un tel enthousiasme qu’elle en parlait avec une mémoire très vive. Elle avait aussi une connaissance extraordinaire des populations et de leur goût. Elle s’émerveillait de rencontrer les gens, tous les gens du département où elle œuvrait, sans aucune distinction ni exclusive, caressant le rêve avec une même foi que la lecture publique puisse jouer partout et pour tous ce rôle extraordinaire d’émancipation, de rencontre, de transmission et de partage essentiel à la démocratie, à la citoyenneté et au progrès social.
Puis, après avoir tellement donné au service public de la culture et à tous ses publics, Catherine partit à la retraite en 2005.
Dès le début de sa carrière, Catherine adhère à la Fédération de l’Education Nationale, puis à la CGT Réunion en 1981. En 1995, lors des grandes grèves, elle rencontre Pierre Dadu, responsable Cgt à la BnF. Ensemble, et au fil des référendum, ils conduisent la Cgt à la place de premier syndicat à la BnF avec le concours de la Cgt-Culture. Seule conservatrice de bibliothèque dans un syndicat entièrement dévoué à la cause des magasiniers, elle lance la mode de l’adhésion des conservateurs de bibliothèque à la Cgt. Toujours avec le même engagement indéfectible, elle est en permanence aux côtés de Pierre dans l’organisation de toutes les luttes. Elle est bientôt élue au Comité technique paritaire de la BnF. Dirigeante de la Cgt à la Bnf, Catherine ne s’est jamais départie pour autant de l’extrême attention portée aux collaborateurs de son service, à leur carrière et conditions de travail.
Elle fut membre de la commission exécutive de la Cgt-Culture et de celle de la fédération Education Recherche et Culture. Nous l’avons beaucoup côtoyée ces dernières années à la permanence nationale alors qu’elle avait pris la direction de la section des retraités du Syndicat général des affaires culturelles de la Cgt-Culture dont elle était encore secrétaire nationale et membre de sa commission exécutive.
Féministe dès le plus jeune âge, constamment en lutte contre les inégalités femmes/hommes et défenseure du droit à l’avortement, elle était ravie de voir la Cgt prendre à nouveau un virage féministe ces dernières années.
Elle ne mâchait jamais ses mots. Mais elle avait un tel sens de la pédagogie et de la transmission, et un tel respect du débat que cela se passait toujours à merveille et en toute fraternité. Catherine aimait nous rappeler le rôle de la Cgt à l’été 14 alors que le sang de Jaurès n’était même pas froid et insistait pour que l’on s’en souvienne. On s’en souvient du reste !
Catherine est partie trop tôt. Son départ prématuré nous laisse orphelins d’une camarade fidèle, d’une amie et d’une sœur de combat. Nous sommes heureux et fiers d’avoir connu Catherine. Elle restera présente dans nos esprits et nos pensées et nous ferons de notre mieux pour être dignes de qu’elle fit pour la lecture publique.
Nous pensons bien à sa famille, à ses enfants et petits-enfants, avec compassion et voulons les assurer de tout notre soutien, celui de toute la Cgt-Culture, du Syndicat de la Bibliothèque nationale de France et du Syndicat général des affaires culturelles, dans cette épreuve. L’heure est d’abord au recueillement mais nous allons prendre toutes les dispositions qui s’imposent en cette période encore compliquée pour rendre à Catherine l’hommage qui s’impose – dans la CGT, le SBnF, le SGAC et la CGT-Culture comme dans la Culture, dans les prochaines semaines. Là, probablement en septembre, nous dirons ensemble combien nous avons été heureux d’avoir partagé tant de luttes et d’espoirs avec notre chère Catherine.
Notre camarade, notre amie, notre sœur,
Va en paix et en toute liberté
Paris, le 25 juin 2020
L’inhumation de Catherine aura lieu le 2 juillet à 15h à Montargis.
Pour découvrir Catherine telle qu’elle était, nous vous invitons à regarder la vidéo réalisée pour les cent vingt ans de la Cgt :
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