En comptant sur la lassitude pour décourager le mouvement de contestation de la réforme des retraites, le gouvernement a fait le pire pari qui puisse être fait en démocratie : considérer qu’après un passage en force, non seulement la situation « retournerait à la normale », mais que la voie serait alors ouverte pour d’autres passages en force.
Le pari est perdu : non seulement la dixième journée de mobilisation du 28 mars a fait le plein dans les secteurs déjà mobilisés, mais elle a marqué l’entrée en scène massive de la jeunesse. Surtout, il apparaît de plus en plus clairement que ce gouvernement, déjà isolé sur le plan politique, totalement discrédité sur le plan social, se révèle dénué de toute intelligence politique, réduit qu’il est à recourir aux seuls leviers de la violence et de la peur faute d’être capable de la moindre écoute et de la moindre ouverture au dialogue.
A force de considérer les citoyens comme un troupeau qui, incapable de se gouverner, doit être guidé par la main ferme d’un gouvernement d’experts, le président Macron se retrouve dans une position intenable, de plus en plus rigide, de plus en plus solitaire. Aujourd’hui, même ses soutiens économiques menacent de lui faire défaut, alors que sur le plan international son usage de la brutalité policière lui vaut un discrédit croissant.
Continuons donc à nous mobiliser contre l’extraordinaire mépris dont cette réforme est la marque. Continuons à débattre, à réfléchir, à imaginer une société plus solidaire, moins soumise à la loi du profit.
Continuons à manifester ! Le 6 avril dans la rue, montrons par notre nombre et notre détermination que nous ne lâcherons pas et qu’ils devront bien, à la toute fin, retirer leur réforme.
Paris, le 5 avril 2023