Le 2 février, l’ensemble des organisations syndicales du ministère de la Culture interpellait Madame Rachida Dati, ministre de la Culture, sur les enjeux urgents liés à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
Nous dénoncions l’absence de portage politique sur ces questions par les cabinets des ministres précédents, l’absence de moyens financiers pour réduire les inégalités salariales, pour lutter efficacement contre les violences sexistes et sexuelles, l’absence d’ouverture de négociations sur ce thème majeur comme le prévoit la loi.
Au ministère de la Culture, les femmes représentent 56% des personnels et sont prédominantes dans un certain nombre de filières.
Les inégalités salariales et au travail perdurent : temps de travail incomplet, congés parentaux essentiellement pris par les femmes, carrières morcelées… Ce sont près de 300€ euros de plus par mois sur la feuille de paie des hommes rémunérés par le ministère par rapport à leurs collègues femmes. Les ségrégations de corps et les temps partiels pèsent sur cette différence de traitement. Les montants des pensions se trouvent également impactés par ces inégalités accumulées tout au long de la carrière des femmes.
Le ministère prétend s’engager contre les violences sexistes et sexuelles mais force est de constater que cela ne va pas assez loin. Faut-il rappeler qu’un haut responsable de ce ministère a pu agir en toute impunité des années durant ? Lors de la cérémonie des Césars du 23 février, Judith Godrèche, demandait notamment « que des hommes accusés de viol ne puissent pas faire la pluie et le beau temps dans le cinéma ». Ce discours – à la fin duquel la ministre a été l’une des premières à se lever – se fait l’écho de nombreuses voix de femmes ou jeunes filles peu ou pas entendues. Ces affaires médiatisées ne sont malheureusement que la partie visible de l’iceberg. Il appartient à la ministre de protéger de la culture du sexisme et des prédateurs sexuels les agent·es du ministère, les travailleuses et travailleurs de « l’industrie culturelle », les usager·es et les étudiant·es.
Le cabinet de la ministre nous a proposé hier soir de rencontrer dans le courant de la semaine prochaine le nouveau conseiller social afin de « préparer au mieux l’engagement d’une négociation ministérielle sur l’égalité professionnelle ».
Dans l’attente du rendez-vous et de l’ouverture concrète de la négociation, l’ensemble des organisations du ministère de la Culture demande par conséquent la suspension des réunions du « groupe de travail » relatif à l’égalité professionnelle.
Paris, le 29 février 2024