Texte d’orientation du XIIIe congrès de la CGT-Culture – novembre 2023
À travail égal, salaire égal
Lutter contre les inégalités de genre, qui fait partie intégrante de notre combat de tout temps pour le progrès pour toutes et tous, c’est défendre l’ensemble des agent.e.s pour parvenir à mettre fin à toutes les formes d’exploitation et de domination. Les progrès rencontrés ces dernières décennies sont dus aux mobilisations sociales et aux luttes des femmes. Malgré ces avancées, l’égalité est loin d’être une réalité et les droits des femmes sont régulièrement remis en cause, partout dans le monde.
La liste des inégalités est longue ; non‐mixité des métiers et des filières, plafonds et parois de verre, précarisation et sous rémunération des emplois à dominante féminine, recours accru à l’emploi non titulaire, temps partiel soi‐disant choisi ou temps non complet très féminisé, régime indemnitaire, rémunérations et retraites plus faibles, carrières et avancements grignotés, etc.
Inégalités au travail, mais pas que…
À ces inégalités au travail s’ajoutent les inégalités dans la vie, du fait d’une répartition déséquilibrée des responsabilités familiales et domestiques, des violences sexistes et sexuelles ou encore des stéréotypes. Ces inégalités dans la vie et au travail interagissent entre elles.
La CGT Culture revendique :
- La disparition des écarts de rémunérations et pensions, la lutte contre la précarité et les bas salaires.
- La revalorisation salariale et la reconnaissance de métiers exercés principalement par les femmes notamment de leur pénibilité.
- L’accès des femmes aux mêmes carrières que les hommes.
- La mixité des métiers.
- La fin du « culte du présentéisme » et de la mobilité imposée.
- Des droits pour l’articulation vie privée, vie professionnelle.
- Des droits pour la maternité, la paternité et la parentalité : allongement et égalité des congés maternités et paternité, permettant une égale répartition « temps de travail/temps de présence parentale » lors de l’accueil et des premiers mois de l’enfant ; aménagement de crèches intégrées dans les services.
- La revalorisation de l’allocation du congé parental.
- Le respect des horaires de travail, incluant de proscrire des heures de réunion tôt ou tard et hors temps de travail habituel.
Pas d’égalité sans éradication de toutes formes de violences sexistes et sexuelles
Les violences contre les femmes sont au cœur des inégalités et des processus de domination. Au travail, dans les transports, dans les lieux publics, dans la sphère privée, les violences sont partout. Entre propos graveleux, attouchements et meurtres, les degrés de gravité sont divers, mais tous ces actes relèvent du même système de domination, d’emprise, de violence, qui constitue un continuum du sexisme. C’est un phénomène social grave qui reste tabou.
La CGT exige :
- La mise en place d’un dispositif d’hébergement d’urgence et la mise à disposition d’ASA pour les victimes de violence.
- L’aménagement des horaires de travail d’une victime de violences afin de faciliter les démarches (dépôt de plainte, rendez‐vous médicaux) et de s’adapter aux situations (problèmes de santé).
- La mise en place systématique et immédiate sur le lieu de travail de la protection fonctionnelle de la victime déclarée.
- La mise en place de « cellule d’alerte violence sexiste et sexuelle au travail » dans chaque établissement SCN et direction du ministère.
- L’application de la formation obligatoire de tous les encadrants, les assistants de prévention, représentants du personnel et responsable des ressources humaines à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et les discriminations.
- Le déploiement vers tous les agents de stages de sensibilisations aux VSST et aux discriminations.
- L’engagement par l’employeur d’une procédure d’enquête systématique contre l’auteur présumé sans remise en cause de la sincérité de la victime et, si les faits sont avérés, des sanctions disciplinaires contre la personne responsable de l’agression.
La CGT revendique d’intégrer des indicateurs de suivi dans les rapports sociaux comparés (RSC) portant sur les violences sexistes et sexuelles au travail afin d’instaurer un suivi chiffré. La CGT propose 5 indicateurs :
- suivi du nombre de faits de violences sexistes ou sexuelles (harcèlement, agressions, viols…) commises par des personnes extérieures au service ou à l’établissement (usager, intervenant…) ;
- suivi du nombre de faits de violences sexistes ou sexuelles (harcèlement, agressions, viols…) commises en interne, dans le service ou dans l’établissement, par des personnes avec ou sans lien hiérarchique et fonctionnel (collègues, supérieur.e.s hiérarchiques, employeurs, représentant.e.s du personnel) ;
- baromètre sur les perceptions des violences sexistes et sexuelles des agent.e.s du service ou de l’établissement ;
- suivi des mesures mises en place par les employeurs suite aux faits de violences sexistes et sexuelles ;
- suivi des mesures mises en place envers les personnes victimes de violences conjugales et intrafamiliales.
De manière générale, le contexte sociétal patriarcal promeut l’annexion de l’espace public par les hommes ainsi que les idées masculinistes. Le ministère de la Culture doit être exemplaire concernant la place octroyée aux femmes dans la société, dans l’histoire et dans la culture.
À ce titre, la CGT‐Culture revendique :
- L’application de la loi dans toutes les administrations et dans tous les opérateurs du ministère concernant la féminisation des noms de métiers.
- L’installation de mesures de quotas de 50 % favorisant la création artistique des femmes, et notamment pour l’octroi des subventions accordées aux nouvelles productions artistiques (cinéma, théâtre, expositions, acquisitions, domaine littéraire, etc.).
- L’accroissement de la mise en valeur du matrimoine et sa conservation. Cela se concrétise par exemple dans le baptême de nouvelles rues ou de nouvelles structures culturelles ou sportives, mais aussi par proposer davantage de grandes expositions dédiées aux femmes créatrices ; proposer des accrochages d’œuvres de créatrices dans les collections permanentes ; diffuser et communiquer davantage sur les œuvres créées par les femmes, notamment dans les collections publiques ; acquérir, conserver, protéger et ouvrir aux publics les lieux de mémoire de l’histoire des femmes ; encourager la recherche visant à exhumer les productions féminines oubliées du passé et les diffuser…