Fiche 29 : Culture et participation des publics

4 janvier 2024 - par CGT-Culture

Texte d’orientation du XIIIe congrès de la CGT-Culture – novembre 2023

Il faut combiner démocratisation de la culture et démocratie culturelle au regard des enjeux actuels, notamment en matière de réchauffement climatique et de la surfréquentation que connaissent certains sites. Si les politiques publiques culturelles verticales ont pu créer l’exception culturelle que nous défendons face à la mondialisation, elles n’ont pas su toucher tout le monde.

Les déserts culturels sont sans surprise des déserts de services publics et d’emplois. Cela engendre échec scolaire, reproduction sociale, inégalités en matière d’éducation, de culture, de santé, de transport… Sans services publics, il ne peut y avoir de démocratisation culturelle.

Dans un monde où l’esprit des affaires prend le pas sur les affaires de l’esprit, il nous faut combattre la marchandisation de la culture qui devient au fil du temps la norme (privatisation des espaces, concurrence entre établissements publics, création de marques dans les domaines de la culture et du patrimoine, externalisation des emplois et missions…).

Les tarifications des musées, monuments, écoles supérieures, conservatoires etc. montrent là aussi une sélection sociale inacceptable. La culture est un bien commun qui doit être préservé, renforcé et transmis à toutes et tous, quelles que soient son origine sociale et/ou ses ressources. Il en va de la politique tarifaire comme de la représentation qui passe par l’offre culturelle et de son corollaire, l’exclusion par une absence de représentation. Donner corps à l’invisibilité sociale et à la diversité pour parler de rencontres, de partages des cultures est source d’enrichissement et d’émancipation.

Le développement culturel ne peut se réaliser par la casse des droits collectifs et des emplois publics : sous‐traitance, auto‐ entrepreneuriat, intérim, contrat de projet, bénévolat, contrat à temps incomplet imposé… Ces dispositifs ne visent qu’à accentuer la précarité et l’exploitation de celles et ceux qui travaillent pour le ministère de la Culture.

Il faut que le ministère puisse s’appuyer sur ses agent.e.s mais aussi s’ouvrir en particulier au monde associatif dans les conseils d’administration des établissements publics, à commencer par celui de l’éducation populaire, aux acteurs et actrices sociaux et culturels, au monde du travail, aux collectivités territoriales et qu’il renforce ses 27 actions interministérielles avec l’Éducation nationale, mais aussi du Travail, de la Recherche, de la Santé, de la Justice, de l’Intérieur…

La culture doit être une compétence partagée : les collectivités ne doivent pas avoir en la matière de champs de compétence restreints, mais doivent avoir les moyens de mener des politiques culturelles. Il faut leur redonner les moyens financiers et humains pour faire vivre la culture au plus près des populations.

Il faut maintenir et renforcer le maillage territorial des services du ministère de la Culture. La réforme territoriale sous Hollande, par l’éloignement physique des services de l’État, a renforcé les inégalités territoriales, notamment au profit des métropoles, et privé les acteurs et actrices culturelles du soutien nécessaire, aggravé la désertification des zones rurales et laissé les collectivités se débrouiller elles‐mêmes.

Il faut repenser les questions de fiscalité (supprimer le faux mécénat et consolider les systèmes économiques de certains établissements) et obtenir le 1 % du budget de l’État.

Concernant les comités d’entreprise et associations du personnel, ces outils doivent être porteurs de sens et créer du lien, comme cela était le cas à leur création. La culture était un moteur des comités d’entreprise, ne rentrons pas, nous aussi, dans une marchandisation de la culture via les billetteries. Nous avons un rôle à y jouer concernant le tourisme social, car trop nombreux.ses sont encore les agent.e.s, dont les retraité.e.s, et leurs enfants à ne pouvoir partir en vacances. Le tourisme social est facteur d’épanouissement, de socialisation, de solidarité, de développement local, mais aussi de culture !

Le meilleur moyen d’accès à la culture passe par le temps libre. Battons‐nous pour la réduction du temps de travail à 32 heures hebdomadaires et la retraite à 60 ans.

Le développement culturel envers les publics doit se repenser au vu des enjeux climatiques, de la surfréquentation et de la protection du patrimoine. Plutôt que d’encourager une course au tourisme de masse climaticide réclamant toujours de dépasser de nouveaux records de fréquentation, encourageons une culture, un tourisme de proximité vers des lieux méconnus, respectueux de l’environnement, du patrimoine bâti et vivant, des collections et des échanges à construire avec les usagers et usagères.