Fiche 35 : Soutien à la création

4 janvier 2024 - par CGT-Culture

Texte d’orientation du XIIIe congrès de la CGT-Culture – novembre 2023

Le ministère de la Culture poursuit une politique en co‐ construction avec les collectivités territoriales, de soutien à la création, visant à favoriser la création artistique, à lui donner, sur l’ensemble du territoire, un large accès, ainsi qu’à développer et diversifier les publics. L’action du ministère se caractérise par une grande variété de modes d’intervention, sans équivalent à l’étranger. La politique mise en œuvre s’appuie sur l’AC, les Drac et les EP dans les domaines suivants : arts visuels, danse, métiers d’art, musique, théâtre, spectacles, design, mode. Le soutien à la création est porté aussi dans l’architecture, le cinéma, l’audiovisuel, la création littéraire et les industries culturelles.

Une politique publique de la création artistique au service de toutes les populations passe par :

  • L’affirmation de la liberté de création (et de la liberté de programmation qui en est indissociable) et la mise en œuvre des moyens permettant à cette liberté de s’exercer pleinement (à l’heure où les attaques contre des spectacles, des expositions ou des lieux culturels se multiplient, de la part d’exécutifs locaux ou de mouvements d’extrême droite, cet objectif revêt une importance cruciale)
  • Un soutien à la création des œuvres
  • L’accompagnement des artistes tout au long de leur parcours professionnel, en tenant compte des temps familiaux — dont la difficulté de conciliation avec les obligations professionnelles conduit trop souvent les femmes à renoncer à leur carrière — mais aussi de fin d’activité
  • Un soutien aux établissements produisant, coproduisant et/ou accueillant ces œuvres ou des programmations associant la création artistique et la médiation auprès des populations, avec le souci d’une plus large diffusion
  • Le développement des pratiques artistiques et de la créativité, dans un but d’épanouissement personnel (la liberté de création est une liberté pour tous)
  • Un accès facilité aux formations artistiques initiales et supérieures professionnalisantes ; la diversification du profil sociologique des étudiants accédant aux écoles d’art, aux Conservatoires nationaux supérieurs de musique et danse et celui d’art dramatique tant pour des raisons d’égalité que pour enrichir et stimuler la création, doit être activement recherchée.
  • L’essor des résidences d’artistes dans tous les territoires et dans les milieux du travail
  • L’accompagnement de l’écosystème de la création artistique dans sa transformation écologique
  • Un encouragement actif à l’engagement des créateurs dans la conception d’une vie sociale durable, équitable et renouvelable
  • Le soutien public à la création artistique professionnelle, sans renoncer aux valeurs d’exigence et de qualité qui le fondent, doit prendre en compte la société dans la diversité de ses expressions culturelles, pour favoriser une création plurielle, représentative du monde d’aujourd’hui

Une vigilance doit être portée à ce que ce soutien bénéficie à l’ensemble des territoires, notamment ceux — espaces ruraux, villes petites et moyennes, outre‐mer — longtemps délaissés au profit des grands centres urbains. La vie artistique ne peut se réduire aux métropoles. Le rôle de l’État est essentiel à cet égard : il est le garant d’un développement équilibré et solidaire des territoires de la République.

Une politique publique de la création artistique soucieuse d’assurer aux travailleurs des arts et de la culture — auteurs, artistes créateurs et interprètes, techniciens — de bonnes conditions d’exercice de leur profession qui supposent une protection sociale étendue, quel que soit leur statut. La juste rémunération des artistes auteurs demeure une priorité.

Le ministère de la Culture joue un rôle fondamental dans le dispositif national de soutien public à la création artistique, à l’échelon central comme dans les services déconcentrés. Ses missions, ses moyens humains et budgétaires doivent être renforcés, notamment au regard de l’objectif de transformation écologique (atténuation des impacts, adaptation aux bouleversements à venir) que le secteur de la création, comme tous les autres, est appelé à opérer rapidement.

Les logiques d’appel à projets, qui se sont multipliées ces dernières années, fragilisent le secteur culturel et de la création et doivent être mieux encadrées. Le subventionnement des structures culturelles doit privilégier le fonctionnement et les objectifs de moyen ou long terme.

Le mécénat, qui bénéficie d’exonérations fiscales, offrant la possibilité aux entreprises de baisser leurs impôts, a connu un développement important depuis la loi de 2003. Ce financement privé des établissements culturels doit être mieux encadré, évalué et contrôlé. Il ne doit en tout état de cause pas venir combler les manques dus à la baisse des crédits publics pour la culture.

Les arts et la culture ont une incidence sur le dynamisme de l’économie, mais ne doivent pas lui être asservis sous la forme de productions culturelles standardisées instaurant un rapport de consommation et mues par des logiques de profit. Des liens plus étroits avec le secteur non lucratif de l’économie sociale et solidaire, celui des tiers lieux culturels ou les démarches en faveur des communs pourraient être recherchés, en veillant à ce que le financement public de la culture reste la norme.

Les arts et la culture contribuent également de façon significative à l’emploi, à l’émancipation, à l’innovation et la cohésion sociales. À ce titre, ils exigent de l’État un investissement accru.

Enfin, une plus grande ouverture aux secteurs de l’enseignement, de l’éducation populaire et de la jeunesse devrait guider l’action du ministère de la Culture, dans l’objectif de favoriser un échange fructueux entre les différentes formes de pratique des arts, professionnelles ou non.

  • Les emplois concernent différents statuts (titulaires, contractuels, salariés de droit privé) et très nombreux métiers. Le désengagement de l’État, les suppressions de postes, mettent en danger l’expertise et la transmission des savoir‐faire, dans nombreux métiers et dans les personnels du ministère. Les évolutions technologiques remettent souvent en cause les droits sociaux acquis (l’intelligence artificielle, etc.).
  • Dans le service du ministère, avec les suppressions de postes nous constatons un développement de la précarité, une augmentation des inégalités, une forte augmentation de la charge de travail qui créent des difficultés pour assurer les missions. Un exemple : en 2019 des mesures ont été déconcentrées de l’AC vers les Drac, mais il n’y a pas eu de création de postes ainsi que manque de marge de manœuvre des DRAC

Nous devons continuer à travailler avec les camarades de la CGT Spectacle et le SNJ CGT pour des politiques culturelles que soutiennent pleinement la création et créent de nouveaux droits sociaux.