Action Syndicale avril 2015

Sommaire :

Quelle crise pour l’archéologie préventive française ? Edito, p. 1

Quelle archéologie préventive après les Grands Travaux ? p. 2

« Carbonisation » (?) fonctionnelle des directions interrégionales… p. 3

Inauguration de la caverne Chauvet, les archéos de l’Inrap y étaient ! p. 4


EDITO

Quelle crise pour l’archéologie préventive française ?

Aujourd’hui, tout le monde reconnaît que l’archéologie préventive française traverse une crise sans précédent, alors qu’il y a encore peu de temps (2 ans), d’aucuns espéraient encore nous faire croire que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Il faut dire que depuis tout s’est accéléré !

Tous les voyants sont désormais au rouge : faillite d’opérateurs privés avec leurs cortèges de licenciements, suppressions d’emploi dans les services archéologiques de collectivité territoriales (voire fermeture de services entiers), chute continue des « parts de marché » de l’Inrap avec retour à la case Pôle Emploi pour des centaines de CDD, incertitudes pesant sur les services déconcentrés du ministère de la Culture… Notre discipline n’a jamais été aussi fragilisée. Il ne fait pas bon aujourd’hui en France être archéologue et encore moins archéologue précaire.

La crise économique a bon dos !

Rien de plus facile alors que de pointer du doigt la crise économique du pays. Cela présente tout de même l’avantage pour les tutelles (lire page 2), de n’avoir rien d’autre à faire que d’attendre patiemment… « Puisqu’on vous dit que ça va repartir ! » (rengaine de la tutelle Culture en Conseil d’administration de l’Inrap depuis 3 ans…)

C’est pratique : mauvais diagnostic = mauvais remèdes…

Aujourd’hui, le dumping scientifique exacerbé (il est où le bilan scientifique qualitatif ?) que se livrent tous les acteurs de l’archéologie préventive a pour conséquence une baisse drastique des moyens et notamment des moyens humains sur les opérations. Et les moyens humains c’est quoi ? C’est simplement de l’emploi… C’est ce qui permet aux CDI de ne pas partir en très grand déplacement, c’est ce qui permet aux CDD de travailler ! Alors aux défenseurs de la loi de 2003 qui claironnent que cette loi a permis de créer de l’emploi pour justifier le développement des entreprises privées, c’est à cette même loi que l’on doit aujourd’hui la destruction de centaines d’emplois… Et pire encore, tout cela s’est accompagné d’une dérive qui réduit l’archéologie préventive à une pure prestation de service de libération des terrains… une archéologie alibi ! Quoi de plus normal, puisque la loi de 2003 a transféré la maîtrise d’ouvrage aux aménageurs, qui n’ont d’autres intérêts qu’une libération rapide et bon marché de la contrainte archéologique. Le fondement même de la discipline la sauvegarde du patrimoine archéologique par son étude et la production de connaissance pour l’ensemble de la collectivité est piétiné tous les jours !

C’est ce fondement qui doit être aujourd’hui remis au centre de toute réforme !

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