Une décentralisation vers les Régions
De plus en plus de régions affichent une volonté de décentraliser des pans entiers de la culture. Sous prétexte d’expérimentation, et sous la forme de guichet unique pour les subventions de la création et des industries culturelles, elles veulent contrôler les subventions accordées par l’État. Si la CGT est favorable au dossier unique pour faciliter les démarches des usagers avec une plate-forme internet dédiée, nous voulons aussi que chacun des partenaires conserve ses critères propres à l’allocation de subventions.
Fait nouveau, les subventions MH ne sont pas épargnées. Elles sont réclamées par la région Pays de la Loire. Des discussions et réflexions sur une nouvelle décentralisation qui toucherait la culture sont en cours au sein de l’Association des Régions de France avec une émulation certaine des régions qui ne veulent pas être en reste par rapport à leur voisine. Renaud Muselier à la tête de l’Association des Régions de France n’est pas le dernier à réclamer la compétence sur la création et les industries culturelles pour la région PACA.
Les think-tank libéraux s’agitent aussi sur cette question avec pour modèle l’Europe des régions sans État national jugé trop protecteur.
Les préfets peuvent-ils être protecteur par rapport à ces velléités de démembrement des politiques publiques nationales de la culture ?
On peut en douter quand on voit le préfet de la région Pays de la Loire. Lors de la cérémonie de départ de la Drac de cette région, le préfet Claude d’Harcourt a prononcé un discours pour le moins éclairant. Il a commencé par dire que pour lui, la culture était du ressort des collectivités territoriales et le fait que l’État s’en mêle lui rappelait la Russie (il n’a pas précisé soviétique) et surtout la Chine. Une représentante de collectivité locale présente a cru bon de dire à une collègue que les fonctionnaires de collectivité n’étaient pas traités de la sorte, (sous entendu venez donc chez nous). Il a néanmoins précisé que notre directrice l’avait convaincu de l’intérêt que l’État s’occupe de culture.
Ensuite il a souhaité une bonne pré-retraite à la directrice qui part à l’inspection du ministère de la culture et a précisé qu’il avait aussi été convaincu qu’on peut y travailler.
Pour lui, l’utilité de la culture consiste à apaiser le climat social, à calmer la société. Il l’a répété à plusieurs reprises dans son discours. En fait, il pense certainement que c’est un outil pour maintenir l’ordre public au même titre que la police.
Enfin pour couronner le tout, il a précisé que dans la nomination de femmes à la tête de structures culturelles, il ne fallait pas faire « d’égalité excessive » mais qu’il fallait bien prendre en compte la compétence. Évidemment cette question ne semble pas se poser quand c’est un homme qui est proposé. Ce trait misogyne n’a pas échappé à l’assistance.
Lors des agapes qui ont suivi, un représentant du personnel CGT s’est présenté à lui et lui a rappelé le caractère émancipateur de la culture qu’il semblait ignorer. En regardant ostensiblement sa montre il a répondu qu’il ne supportait pas les remises en cause de sa fonction et les interpellations lors de manifestations culturelles. À plusieurs reprises le représentant du personnel lui a répété, sans être entendu, que la culture c’est la liberté. Cette interpellation n’a duré qu’une minute avant son départ.
C’est donc une alerte que lance la CGT au ministre de la culture Franck Riester
Laisserez vous les Drac se faire dépouiller de pans entiers de ses missions ?
Laisserez vous un ministère de la culture sans services déconcentrés ?
Que vive le ministère de la culture et le travail remarquable de ses agents
le 19 novembre 2019
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- ALERTE DÉCENTRALISATION PRÉFET - 824 Ko