Pour financer les travaux, deux expositions des chefs-d’oeuvre d’Orsay voyageront
pendant un an :
l’une, De Manet à l’impressionnisme – Une renaissance moderne, de Madrid à San
Francisco ;
l’autre, Au delà de l’impressionnisme – Chefs-d’oeuvre du musée d’Orsay, de
Canberra (Australie) à Tokyo, puis à San Francisco. Elles doivent rapporter au
musée 10 millions d’euros au total.
Afin de tempérer les inquiétudes du Conseil d’administration, l’administrateur général
rassure : « 90 % des Monet ou des Van Gogh resteront sur place. » (compte rendu CA
16/03/09, p. 11)
On se demande bien comment ce chiffre de 9 « fondamentaux » sur 10 peut être
avancé quand on sait que 220 oeuvres prendront l’avion pour un tour du monde.
Le dossier de presse est clair :
Expo impressionniste : « Cette exposition riche en chefs-d’oeuvre illustre parfaitement
la position singulière qu’occupe Orsay dans le paysage international. »
Expo post-impressionniste : « Les 114 toiles exposées comprennent certains des plus
grands chefs-d’oeuvre de la collection (Monet, Cézanne, Van Gogh, etc) »
Guy Cogeval aussi s’attache à rassurer : « Le »Déjeuner sur l’herbe » de Manet, les
»Coquelicots » de Monet, restent au musée. » Impossible de faire autrement : c’est
une obligation légale. Une clause de la Donation Moreau-Nélaton ordonne que les
oeuvres ne doivent pas circuler, mais rester rassemblées en permanence.
Impressionnant
Il n’y a pas que ces deux expositions itinérantes qui vont déshabiller les cimaises. Il y
en a encore trois autres :
A Giverny, pour »L’Impressionnisme au fil de la Seine » en 2010, Orsay prêtera
beaucoup : Monet, Renoir…
Il y a aussi l’exposition universelle de Shanghai, pour laquelle Orsay souhaite prêter
encore quelques chefs-d’oeuvre de plus : 7 merveilles du M’O (Millet, Manet,
Gauguin, Cézanne, Van Gogh, Bonnard, Rodin) durant 6 mois en 2010.
Et enfin, last but not least, la grande rétrospective Claude Monet au Grand Palais,
à l’automne 2010 (du 20 septembre 2010 au 24 janvier 2011).
Les expositions itinérantes, loin de rester exceptionnelles, sont en train de devenir la
règle, une pratique permanente :
Guy Cogeval : « Chaque année, il faudra organiser au moins une exposition
itinérante, qui nous rapportera entre 1 et 2 million d’euros. Tout le monde fait ça. Le
Louvre fait ça, le MOMA aussi… » (La Tribune de l’art, 01/10/2009) …/…
Au sujet des deux expositions itinérantes, M. Cogeval s’est vu décerner les louanges
du directeur des musées italiens, M. Mario Resca (Corriere della Sera, 02/10/2009, – en
italien : http://archiviostorico.corriere.it/2009/ottobre/03/Manet_Van_Gogh_tournee_Cosi_co_9_091003027.shtml)
M. Resca, ex-président du casino de Campione (Tessin), puis de McDonald’s Italie a
déclaré :
« Je veux faire en sorte d’attirer en Italie un tourisme culturel de masse. Travailler sur
l’image, faire du marketing et faire circuler nos oeuvres dans le monde. Les
ressources culturelles doivent dégager des profits. » (Le Monde, 21/11/2008)
Il a été recruté par M. Sandro Bondi, ministre italien de la Culture, qui explique :
« Les biens culturels sont pour l’Italie une sorte de pétrole que nous n’avons jamais
réussi à faire fructifier et qu’il serait bon de valoriser en ces temps de crise
économique » (Il Giornale, 18/11/2008)
En Italie au moins, on ne s’embarrasse pas de langue de bois ni de grands principes
humanistes.
Le grand latin
Non, ce n’est pas le surnom du président Cogeval.
« Cet établissement a entièrement repensé sa déco : une grande salle aux allures
contemporaines. » Vous pensez au musée d’Orsay version 2011 ? Erreur : il s’agit
d’un restaurant marseillais, où a eu lieu ce lundi 26 le déjeuner de têtes d’un
aréopage d’agents du musée d’Orsay invités par Guy Cogeval.
En ce mois d’octobre a eu lieu la 3e décision modificative budgétaire (DM3) : les
comptes étant dans le rouge, la plupart des crédits 2009 non engagés sont gelés,
coupant les vivres des services pour leurs trois derniers mois d’activités de l’année
en cours (sauf les projets estampillés prioritaires). 300 € par-ci, 800 € par-là…, les
fonds de tiroirs sont raclés.
En ce même mois d’octobre, Guy Cogeval convie 25 agents du musée d’Orsay à un
voyage d’étude d’une journée à Marseille, enluminé d’une visite personnalisée de
l’exposition De la scène au tableau au musée Cantini, dont le commissaire général
est… Guy Cogeval.
Cette exposition a reçu le soutien du musée d’Orsay, qui prête un nombre
conséquent d’oeuvres ; mais ce n’est pas une co-production.
Les heureux élus de cette excursion culturelle sont l’équipe de la Présidence et de
son cabinet – cela va de soi – un panel de conservateurs – c’est logique -, des
chargés d’études documentaires, et des chefs de service.
Le trajet s’effectue en TGV 1e classe ; le déjeuner est pris dans un restaurant à prix
modérés (recommandé par Le petit futé).
Bref, une journée agréable qui n’a coûté – à la louche – « que » 4000 € (hypothèse
basse des tarifs les moins chers : à certains horaires, on trouve des places en 1e
classe au prix des 2de classe). Peut-être davantage…
Les convives ont pu admirer dans l’expo un tableau de Girodet : Hippocrate refusant
les présents d’Artaxerxés.
Les agents intéressés auront plaisir à consulter l’album souvenir de cette journée
joyeuse et enrichissante sur Pluton, partage (P:) !pourtoutlemonde / Marseille 2009
(disponible depuis hier, mardi 27).