Jeudi 13 septembre à 17 heures, la direction du CMN a reçu une délégation de la CGT au sujet des « conférenciers ».
Rappelons que ce dossier avait été ouvert il y a six ans, à l’initiative de la CGT. Il s’agissait pour notre organisation syndicale de pointer du doigt une situation scandaleuse concernant les métiers du CMN liés aux actions de médiation culturelle. Plus de deux cents conférenciers et animateurs des ateliers du patrimoine, payés à la prestation, travaillaient alors sans contrat.
Les quelques premiers contrats obtenus en 2003 et 2005 ont conduit le Centre à reconnaître certains conférenciers et animateurs comme agents permanents de l’établissement. Nous avions également demandé et obtenu une égalité de traitement quant au taux de rémunération pour les chargés d’actions éducatives déjà recrutés.
Six ans plus tard, soulignons que la majorité des conférenciers et animateurs travaillent encore sans contrat. De surcroît, cerise sur le gâteau, ils sont rémunérés sur la base d’un taux non revalorisé depuis dix ans !
Reconnaître ou ne pas reconnaître la fonction de conférencier ? Telle est la question…
Vous avez été informés par une lettre du président du CMN, de juillet 2007, sur l’état d’avancement du chantier de déconcentration du CMN. Le document évoque parmi les fonctions territoriales assurées par les futures unités de proximité, la définition et la mise en œuvre des ateliers, des visites conférences, des manifestations culturelles. Il est également prévu que des chargés de l’offre culturelle assurent dans chacune des directions (inter)régionales la coordination et la promotion de l’offre culturelle.
Preuve en est que le CMN considère bien la médiation culturelle comme une de ses missions permanentes à part entière !
C’est pourquoi, fort légitimement, et avant que ne se referme le chantier de la réforme du statut des contractuels, la CGT continue d’exiger que ces métiers liés aux actions de médiation culturelle et éducative, à leur promotion et à leur coordination fassent l’objet de discussions et qu’ils soient enfin intégrés au corpus des métiers du CMN.
Nous avons donc été abasourdis par la mauvaise foi qui conduit l’établissement à considérer encore et toujours la chose comme n’étant pas d’actualité.
De timides avancées…
La direction fait cependant un certain nombre de propositions. Elle nous a assurés qu’à compter de 2008, plus aucun conférencier et animateur ne travaillera sans contrat. Des CDD pour des vacations occasionnelles et saisonnières seront enfin proposés (en vérité un retour à la légalité !). Concernant la rémunération de leurs prestations, celles-ci devraient augmenter de 10%. Quant aux chargés d’action culturelle, certains d’entre eux devraient voir leur volume horaire mensuel augmenté de 20 heures (Carnac, Mont-St-Michel, Angers). Dans tous les cas, leurs contrats seront renouvelés. Sept d’entre eux seront même Cdisés, toujours sur des temps incomplets, dès 2008.
…Mais des inégalités persistent et la situation reste précaire.
Il est à noter que l’augmentation de 10% ne rattrape pas l’écart de rémunération entre les conférenciers de province et ceux d’Ile de France. En effet, il faudrait augmenter d’environ 20% la rémunération des prestations des conférences et ateliers de province.
De plus, aucune proposition n’a été faite concernant la prise en compte de l’ancienneté dans la rémunération pour les conférenciers de province.
La question de l’équité de traitement, si chère au CMN en d’autres occasions, passe ici à la trappe !
Comment interpréter alors cette fin de non-recevoir, concernant l’inscription statutaire de ces métiers ?
Les conséquences des politiques gouvernementales de restriction des dépenses publiques pour le service publique culturel :
Il y a quelques jours, la CGT-Culture vous adressait un communiqué au sujet de la mise en place de la « Révision générale des politiques publiques » (RGPP), cette réforme voulue par le gouvernement et qui vise à réduire au maximum les dépenses publiques (avec, entre autres, le fameux non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite). Dans le cadre de cette réforme, tous les services de l’Etat et les établissements publics doivent fournir actuellement des scénarios de baisse des dépenses pour alléger au maximum la charge financière de l’Etat. Le CMN, en tant qu’établissement public, n’échappe pas à la règle. Subventionné par l’Etat, il doit chercher lui aussi où faire des économies.
Dans ce contexte, on ne peut s’empêcher de penser que le refus du CMN de s’engager dans la reconnaissance des métiers liés aux actions de médiation culturelle soit lié à cette fameuse RGPP. Cela n’empêche que pour la CGT l’intégration de ces métiers permanents dans le statut des contractuels du CMN et donc, leur inscription au budget de l’établissement, s’imposent !
Le maintien hors du statut de ces personnels ne vise donc en réalité qu’à permettre au CMN de continuer à s’en servir comme variable d’ajustement à moindre coût.
Le lendemain de cette réunion, la CGT rencontrait la Conseillère sociale de la Ministre de la culture qui a assuré ne pas être intervenue auprès du CMN pour s’opposer à l’intégration des conférenciers dans la nomenclature des métiers du CMN lors de la révision du statut des contractuels de l’établissement.
Le refus d’intégrer ces métiers dans le statut des contractuels est donc bel et bien un choix politique et économique du CMN ! ! !
Cette orientation très préoccupante n’intervient pas cependant dans un contexte anodin. En effet, dans le même temps, le ministère de la culture est actuellement en train de faire voler en éclats le service des conférenciers de la Réunion des Musées Nationaux qu’il entend transférer, sans aucune garantie réelle quant à la préservation à moyen terme de leur mission, dans les établissements publics du Louvre, d’Orsay, de Versailles, de Guimet. L’organisation et le contenu du travail de ces collègues s’en voient profondément remis en cause ce qui annonce à n’en pas douter la fin programmée du métier de conférencier des Musées Nationaux. Avec l’intersyndicale CGT, CFDT, CGC et FO ces personnels sont mobilisés depuis plus d’un an pour faire obstacle à ce funeste projet et eux aussi exigent une vraie reconnaissance statutaire qui leur est encore et toujours refusée.
Autant dire qu’il existe aujourd’hui toutes les raisons d’unir nos forces au delà des frontières de nos établissements respectifs afin de contraindre le ministère à créer des débouchés statutaires pour la fonction de conférencier, l’un des piliers de l’action de l’Etat en matière culturelle.
Ainsi donc, les conférenciers du CMN sont prévenus : si leur situation s’améliore certes un peu provisoirement, la partie n’est pas gagnée pour autant ! ! ! Nous continuerons donc à réclamer la reconnaissance des métiers de médiation culturelle et leur intégration au statut des contractuels du CMN, seule garantie réelle de la pérennité de l’existence de leur mission.
Paris, le 19 septembre 2007