Déclaration de la CGT au CA de la BnF.
Il n’est pas dans les habitudes de la CGT de pratiquer des effets de rhétoriques et d’utiliser l’outrance pour exposer ces positions. Aussi les propos qui seront tenus vis-à-vis du budget 2009 doivent être bien compris comme une appréciation cherchant à cerner au mieux la réalité, et non comme une projection idéologique.
Un budget contre les missions de la BnF, et contre ses personnels.
Plusieurs nouveautés dans le budget prévisionnel 2009 : sur la forme, il s’agit d’une part du premier exercice ou la BnF s’inscrit dans un contrat de performance sous la forme d’un plan triennal de fonctionnement, mais sur le fond il constitue surtout le pire budget obtenu par la BnF depuis 15 ans. Qu’on en juge plutôt :
Baisse globale de près de 3% du budget, prévoyant notamment une réduction de 5,2 millions d’euros au titre du fonctionnement.
Suppression de 26 emplois au titre de la RGPP (non remplacement d’un départ en retraite sur deux) en 2009. Au total, c’est 64 ETP qui seront supprimés en trois ans via la RGPP
Gel de 69 emplois supplémentaires, non budgétés à cause de la baisse de la subvention, sans la moindre garantie que ceux-ci puissent être pourvus à partir de septembre 2009. Sur 3 ans, c’est près de 130 emplois dont on ne sait comment ils seront (et pourront) être budgétés.
Au total c’est plus de 200 postes qui pourraient ainsi disparaître en 3 ans, soit 8% de la masse salariale totale !
Des projets de réaménagement des magasins, indispensables à la réalisation de nos missions et à la conservation des collections sont repoussés, voire supprimés. Les activités de conservations sont notamment touchées de plein fouet, avec une baisse de près de 12%, prévoyant le ralentissement de certaines filières internes, et le passage à l’externalisation de certaines activités. Il n’est pas jusqu’au passage de la reproduction en argentique vers le numérique, qui soit repoussé sine die, ou le périmètre de SPAR revu à la baisse.
En revanche, des efforts considérables sont effectués pour tenter de pourvoir à cette baisse de subventions en augmentant les recettes propres, déjà à 6% du budget total. Un poste spécialement dédié à la recherche de mécénat institutionnalise d’ailleurs cette tendance. Mais est il sérieux dans le contexte économique actuel de croire que la BnF pourra en pleine recéssion trouver les investisseurs privés qui lui ont toujours fait défaut, en tout cas au niveau de financement prévu d’un million d’euros ? Il est probable que cela ne se fera pas, et chacun ici le sait.
Un budget en forme de marché de dupes !
Le secrétaire général du Ministère de la Culture a félicité la BnF pour les « efforts réalisés », mais en précisant bien qu’ils ne seraient pas suffisants, et qu’il faudrait encore d’autres baisses, c’est-à-dire d’autres coupes sombres.
La CGT réaffirme que ce budget est l’arme d’application de la RGPP, véritable destruction des missions du Ministère de la Culture, et au-delà, d’une conception citoyenne de la culture pour tous. La CGT n’a cessé d’alerter les dirigeant s de la BnF du marché de dupes que représentait le contrat de performances d’une part, et la RGPP d’autre part. Le résultat en était pourtant annoncé : aucune contrepartie ne vient amortir cette baisse historique de subvention. Aujourd’hui, ce sont les métiers qui sont menacés par l’externalisation, ce sont les postes qui sont menacés par la RGPP et la baisse du budget, ce sont les contractuels et les précaires qui sont menacés, ce sont les missions et services qui ne pourront plus être rendus dans des conditions de travail acceptables.