Madame la Présidente,
Depuis le 9 mai, vous avez la responsabilité de la pérennité et de la crédibilité de cet établissement.
Le CMN a vu ses missions et son identité évoluer au fil des ans : de la Caisse nationale des monuments historiques et des sites de 1914 au Centre des monuments nationaux de 1995 – modifié en 2006 – diverses mutations ont été opérées.
Nous tenons à rappeler aujourd’hui que les missions du CMN ne consistent pas seulement en la gestion de sites prestigieux mais c’est également, et surtout même, la péréquation et la mutualisation des moyens qui permettent la présentation des collections, l’ouverture et le développement de la fréquentation d’une centaine de monuments pour la plupart méconnus, y compris de la population locale.
Et c’est tout le rôle, peut-être même toute la noblesse de l’Etat, de notre Ministère de la Culture et du Centre des monuments nationaux que d’offrir un service public culturel de qualité au service de la population. Car loin de toute marchandisation et de notion de rentabilité, nous nous devons de rendre accessible à tous, le patrimoine de la Nation, d’en favoriser la connaissance et d’en améliorer la compréhension. C’est donc au travers d’une politique culturelle ambitieuse, mais aussi en coopération avec l’ensemble des agents de l’établissement, que de tels objectifs peuvent être atteints.
En 2007, de nouvelles missions ont été attribuées au CMN : l’entretien, la conservation et la restauration des monuments. Cette réforme, à laquelle nous nous sommes opposés, n’a su que démontrer le bien fondé de nos inquiétudes. Quel devenir pour les DRAC, le SNT, l’EMOC et les CRMH qui assuraient ces missions ? Aucune réponse à ce jour. Nous émettions également des craintes quant au financement de ces nouvelles missions. Le financement pérenne via une taxe sur les droits de mutation aura duré en tout et pour tout un an ! Quant à la question cruciale du périmètre d’intervention du CMN, une mission de réflexion est toujours en cours. C’est dire le peu de sérieux avec lequel s’est faite cette réforme qui est pourtant loin d’être légère, non seulement pour le Centre des monuments nationaux, mais également pour l’ensemble du Ministère de la Culture.
Nous vous rappelons, Madame la Présidente, que si la mise en place de la maîtrise d’ouvrage au CMN, et nous l’espérons fortement, doit contribuer à l’amélioration de l’état sanitaire des monuments, celle-ci ne doit pas se faire au détriment de ses missions historiques.
L’affectation de cette nouvelle mission de maîtrise d’ouvrage n’est malheureusement pas la seule menace pour l’établissement. La Révision Générale des Politiques Publiques prévoit une nouvelle vague de décentralisation. Comment peut-on prétendre renforcer l’existence de l’établissement alors que pour la deuxième fois en seulement quatre ans, on tente de le vider de son essence ? Sous couvert de rapprochement avec la RMN, cette réforme prévoit également de se débarrasser de missions et de services de l’établissement : politique d’achat, services commerciaux, éditions, agence photographique…
Vous n’êtes pas sans le savoir, le SNMH-CGT et la CGT Culture sont en lutte depuis plusieurs mois contre la RGPP. Cette réforme de « faire mieux avec moins » sur un ministère représentant moins de 1% du budget de l’Etat et seulement 22 000 agents est purement dogmatique et mensongère. Elle rend la mobilisation des personnels d’autant plus légitime.
Lors du dernier CTP, nous avons évoqué l’ensemble des questions sociales. Nous n’allons pas aujourd’hui nous paraphraser, d’autant plus que nous ne doutons pas que vous en avez d’ores et déjà pris connaissance. Nous attirons toute votre attention sur l’urgence de certains dossiers : l’aboutissement du statut des personnels contractuels, la revalorisation de la grille indiciaire, l’intégration de nouveaux métiers, la lutte contre la précarité et pour davantage d’équité entre les personnels.
Quant au dialogue social, si l’on peut considérer qu’il était plutôt de bonne qualité ces dernières années, les réformes en cours montrent que cela se détériore rapidement. Nous en voulons pour preuve le transfert de l’agence photo et de ses personnels à la RMN, sans aucune information, l’affectation du Palais-Royal à la DAG avec externalisation envisagée des missions d’accueil et de surveillance, sans aucune information, l’affectation de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon à la DMDTS, sans aucune information.
Ces projets en cours se font donc, sans aucune concertation avec les organisations syndicales et sans même en informer les personnels concernés ! L’exaspération des personnels est grande. Le Ministère fait preuve en la matière d’incompétence et de couardise face à ses propres choix.
Les représentants du personnel inquiet du devenir du CMN continueront à défendre le service public culturel, ses missions et ses personnels.
Paris le 29 mai 2008