La décision de se mobiliser au ministère de la Culture aujourd’hui est antérieure aux résultats du scrutin européen du 9 juin et ses suites. Elle prend une tonalité particulière dans cette séquence politique.
Si les revendications des travailleuses et travailleurs avaient été entendues par la macronie, l’extrême droite n’aurait jamais atteint de tels résultats.
On est là contre l’extrême droite mais aussi pour continuer à porter nos revendications sur les salaires, les emplois et les missions du service public culturel fragilisées par 7 années de néolibéralisme destructeur et outrancier.
I – Urgence salariale : 2024, année ZERO pour le pouvoir d’achat !
- Zéro augmentation du point d’indice en 2024 / refus d’une année blanche : nous exigeons +10% et son indexation sur l’inflation/ 24 000 agents concernés
- Zéro marge de manœuvre dans les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) dans les structures de droit privé / 6 000 agents concernés
- Zéro revalorisation du cadre de gestion des contractuels vieux de 15 ans / Budget initial amputé de 50% / 7 500 agents concernés dont près de 1000 enseignants dont certains n’ont aucune évolution de leur rémunération (écoles d’architecture) et d’autres ont des cadres figés depuis plus de 20 ans (conservatoires de musique)
- Zéro marge budgétaire pour la poursuite du plan de rattrapage indemnitaire (« la remontée des socles ») des titulaires par rapport aux autres ministères / 12 200 agents concernés / Zéro euro pour l’égalité F/H
- Zéro perspective sur la poursuite du plan de résorption des écarts salariaux au bénéfice des agents de l’Inrap / 2 400 agents concernés
II – Budgets et missions : mettons un terme aux réformes structurelles régressives !
- Baisses des crédits de la mission culture / – 204 Millions d’euros :
– moins 3.2M€ sur la masse salariale
– moins 96M€ sur la création soit -9%
– moins 99.5 M€ sur le Patrimoines soit – 8.4 % - Conséquences sur les Politiques publiques culturelles mises en œuvres par la centrale, les DRAC et les opérateurs : baisse des aides à la création (théâtre, Opéra, cinéma…), envol des politiques tarifaires (augmentation billets d’entrée dans les musées, + 83 % d’augmentation au Louvre en 10 ans), privatisations accrue des espaces publics et les grandes institutions renvoyées à une course aux ressources propres pour compenser le désengagement de l’Etat, qu’il faut abandonner car ils fragiliseront dans tous les cas le SP au profit d’intérêts privés bien connus, mais aussi parce qu’on sait qu’ils répondent des ambitions personnelles bien plus qu’à des exigences d’intérêt général
- Projets de fusions en cours…
– Radio France / France télévision
– Mobilier national / Cité de la céramique - Dans les tiroirs du gouvernement, un projet de nouvelles décentralisations qui concernerait une douzaine de musées nationaux relevant du Ministère de la Culture tels que le château de Pau, le musée d’archéologie nationale de Saint-Germain en Laye ou encore le musée national de la préhistoire aux Eyzies en Dordogne
III – Emplois : précarité et clientélisme, mettons un terme à la casse organisée du statut !
- Abrogation Loi TFP du 6 août 2019 qui a ouvert le recrutement de contractuels sur tous nos métiers avec pour conséquences de l’injustice et la précarité / injustice 1400€ net (le SMIC) pour un contractuel de catégorie C contre 1730€ net pour un fonctionnaire de la même catégorie (4000€ de différence sur un an)/ précarité des contractuels embauchés sur des CDD toujours plus courts et sans perspective d’avenir
- Sur le plan quantitatif, ce n’est pas zéro mais presque : le triennal des concours du ministère prévoit seulement 750 recrutements alors que 1 500 départs à la retraite sont prévus d’ici 2027.
- Conséquences de l’absence de concours : peu de promotions en raison de l’attrition des viviers/ absence d’égalité d’accès à l’emploi public / perte d’expertise car les agents ne s’inscrivent plus dans la durée / clientélisme et modes de gestion opaques. Nous revendiquons l’ouverture de postes de titulaire a minima à hauteur de tous les départ à la retraite !
- Et comme, il faut toujours faire plus avec toujours moins d’agents, ce sont nos conditions de travail qui sont attaquées, les risques psycho-sociaux qui se multiplient sous la charge de travail et les collectifs de travail sont fragilisés
Nous sommes toutes et tous conscients de vivre une période charnière de notre histoire. Dans les services du ministère de la culture et dans tous ses secteurs d’activité, plus de 60 HMI se sont tenues et ont réunis des centaines de nos collègues mobilisés autour de ces enjeux. En s’appuyant sur nos revendications sur les salaires, l’emploi et les conditions d’exercice de nos missions, le contexte nous appelle en nombre à multiplier les actions dans les prochains jours :
- Parce que nous croyons que la culture est un levier d’émancipation des consciences individuelles et collectives
- Parce que nous avons l’intime conviction que la culture est ouverture à l’autre, à toutes les différences et à toutes les expressions dans leur richesse et leur diversité
- Parce que nous savons que la culture casse les codes, fait bouger les lignes, produit de la réflexion, ouvre les voies et donne les moyens de toutes les libertés
- Parce que nous souhaitons fermement que la culture demeure un outil de créativité, de cohésion sociale et de rencontres plurielles, et jamais un outil de propagande, de repli identitaire et d’exclusion
Vive la liberté de création, vive la liberté d’expression, de diffusion et de la presse, vivent nos libertés fondamentales, vivent les politiques culturelles démocratiques, participatives et universelles et vive le service public culturel !
Pour faire vivre toutes nos valeurs et ambitions pour la culture dans notre pays et à l’international, un ministère de la culture fort, ambitieux, ouvert et inclusif est indispensable. Un seul programme en lice garantit sans équivoque la défense de nos valeurs.
Nous nous réveillerons le matin du 8 juillet avec de l’espoir pour notre avenir, parce qu’on aura renvoyer l’extrême droite aux oubliettes de l’histoire. C’est pour cette raison que la CGT-Culture appelle à se rendre en masse dans les urnes le 30 juin et le 7 juillet et à voter pour le Nouveau Front Populaire !
