Mise en place auprès du Secrétariat général d’une mission
« visant à identifier et restituer les biens culturels spoliés »
L’ampleur des spoliations dont on parle de nouveau ce 1er mars à l’occasion de l’examen de cette mission au CTM n’aurait certainement pas été la même sans l’intervention directe de Vichy instituant dès octobre 1940 le premier statut particulier des juifs.
C’est donc bien notre responsabilité de porter à la connaissance des générations futures cette partie de notre histoire.
Aujourd’hui, en 2019, il y a bien une responsabilité politique majeure de l’Etat français devant l’histoire, et par conséquent une responsabilité du ministère de la Culture. Sa responsabilité, leur responsabilité, et nous voulons y insister, c’est de faire toute la lumière sur cette période sombre de notre histoire et les conséquences terribles des lois antisémites et racistes prises par Vichy.
Hélas, ça a été la France, avec ses lois, ses décrets, ses arrêtés, ses circulaires et l’implication de la machine administrative.
Il y a aussi, sans aucun doute, une responsabilité patrimoniale quant aux biens spoliés. C’est une responsabilité patrimoniale au sens de la réparation morale qui nous incombe.
Si nous souhaitons placer la mission auprès de la Direction générale des patrimoines (DGP), c’est bien entendu, et encore une fois, au motif des compétences et des savoir-faire requis pour accomplir ce travail si délicat et ô combien compliqué. Et ces compétences et ces savoir-faire sont indéniablement réunis à la DGP.
Placer cette mission auprès du Directeur général des patrimoines et non pas du Secrétaire général, cela revient à prendre en considération la réalité et la présence incontournables de ce patrimoine historique.
Nous ne sommes donc pas dans la polémique, ce serait, comment le dire, déplacé.
Le devoir moral de réparation que nous voulons regarder en face nous oblige à dépasser la seule dimension technique et matérielle du concept de restitution.
Faire ce travail de mémoire, auquel nous ne saurions nous soustraire, passe selon nous par un rappel des missions de la DGP. Des missions scientifiques et culturelles essentielles s’agissant de la conservation des collections nationales, naturellement, mais aussi de leur valorisation et de leur transmission au plus grand nombre.
Or les biens spoliés sont partie de ce patrimoine.
Et l’histoire des biens spoliés est partie intégrante de ce qu’on peut qualifier de bien commun de l’humanité.
Enfin, qu’il nous soit permis de rappeler, à l’occasion de ce CTM, que dès le début de la Libération, dès septembre 1944, le grand résistant, Émile TERROINE, est nommé administrateur séquestre de l’ex « Commissariat Général aux Questions Juives » en Rhône-Alpes puis au niveau national, afin d’organiser la restitution des biens aux populations spoliées en créant en janvier 1945 le Service de Restitution des biens des victimes des lois et mesures de spoliation. Rappelons aussi que 90 % des biens spoliés pendant l’Occupation l’ont été au titre des lois racistes de l’État de Vichy. Rappelons encore que seuls 30% de ces biens spoliés ont été restitués à leurs propriétaires.
Paris, le 1er Mars 2019