Fiche 32 : Monuments nationaux

4 janvier 2024 - par CGT-Culture

Texte d’orientation du XIIIe congrès de la CGT-Culture – novembre 2023

Un monument historique est un immeuble avec un statut juridique particulier destiné à le protéger, de par son intérêt historique, artistique, architectural, technique ou scientifique. En chiffres : près de 46 000 bâtiments classés ou inscrits dont 1 300 appartenant à l’État (soit 3 %), 448 relevant du ministère de la Culture (moins de 1 %) et 103 monuments gérés par le Centre des monuments nationaux (CMN).

Le CMN a pour mission de présenter au public les monuments et les collections dont il a la gestion, d’en développer la fréquentation, d’en favoriser la connaissance et d’en assurer l’entretien, la conservation et la restauration.

Opérateur culturel de l’État, grâce à son implantation territoriale, le CMN se doit d’être un relais des politiques publiques au plus près des populations. Le monument est aussi un lieu de culture amenant le visiteur vers d’autres formes d’expression culturelle : art contemporain, spectacle vivant… Ce réseau compte une grande diversité de monuments représentatifs d’une grande diversité de périodes historiques (de la préhistoire au XXe siècle). Cependant, nous dénonçons l’absence de « monuments nationaux » en Outre‐ mer ou représentatifs de l’histoire sociale et industrielle.

Le modèle économique du CMN est fondé sur la péréquation des moyens. Il permet l’ouverture de monuments de taille modeste ou peu connus du grand public grâce à l’excédent de recettes généré par les monuments les plus fréquentés. Pour autant, ce modèle fonctionne également pour une large part grâce à une dotation de l’État.

Néanmoins, au fil des années, le CMN est poussé de plus en plus à son autofinancement et donc à une course effrénée au développement des ressources propres : locations domaniales,

« mécénats », augmentation tarifaire, multiplication de la médiation culturelle payante, politique de l’hyperfréquentation impactant les conditions de travail des agent.e.s, dégradant les conditions de visite pour les usager.ère.s ainsi que les conditions de conservation du patrimoine.

Ce modèle économique a vu partir au fil des décennies des monuments phares (ex. Chambord), ce qui le fragilise ; l’incendie de la cathédrale de Notre‐Dame de Paris conduisant à la fermeture du site durant plusieurs années a le même effet. De plus, le développement massif des externalisations passant ces quinze dernières années de 1 million d’euros à plus de

4,5 millions d’euros en 2019 pour dépasser les 10 millions d’euros en 2023, pèse de plus en plus lourdement sur le budget de l’établissement qui est obligé de suppléer au verrouillage du plafond d’emploi par une externalisation massive de ses missions mettant ainsi en danger l’équilibre économique du CMN.

L’arrivée de nouveaux sites tels que l’Hôtel de la Marine qui a vu la moitié de ses emplois externalisés ou la Cité internationale de la langue française externalisant l’ensemble des emplois dits d’exécution est une dérive inquiétante de l’emploi public au CMN.

On assiste ainsi à une attaque sur les missions et emplois publics et à un non‐sens économique mettant en péril un service public culturel.

Le CMN gère 67 parcs et jardins. Selon la charte de Florence :

« Un jardin historique est une composition architecturale et végétale qui, du point de vue de l’histoire de l’art, présente un intérêt public. Comme tel, il est considéré comme un monument. Son aspect résulte ainsi d’un perpétuel équilibre entre le mouvement cyclique des saisons, du développement et du dépérissement de la nature, et de la volonté d’art et d’artifice qui tend à en pérenniser l’état. En tant que monument, le jardin historique doit être sauvegardé selon l’esprit de la Charte de Venise. Toutefois, en tant que monument vivant, sa sauvegarde relève de règles spécifiques qui font l’objet de la présente Charte ».

Au regard de ce qui est fait en matière d’épuisement des effectifs des jardiniers et du manque de politique culturelle vis‐ à‐vis des jardins (non‐transmission des savoirs, médiation, manque d’entretien…) et de l’écocide auquel nous assistons, il est urgent de prendre en considération ces missions, métiers et la transmission des savoirs pour les transmettre aux générations futures.

La CGT revendique une politique plus axée sur la valorisation des missions et métiers de la médiation culturelle. Outre une non‐reconnaissance de leur existence en tant qu’agent.e.s à part entière du CMN et une tarification de leurs prestations en dessous de la moyenne, ces métiers souffrent d’une grande précarité comme les animateurs du patrimoine ou les conférenciers payés à la tâche, sans contrat de travail, sans formation professionnelle… et de plus en plus poussés à l’auto‐ entrepreneuriat. Le CMN organise ainsi leur invisibilisation et se comporte de manière indigne avec des centaines d’agent.e.s pourtant au cœur des missions de l’établissement. De plus, des

agent.e.s de catégorie C portent depuis la création du CMN des visites commentées en une ou plusieurs langues. Ces visites qui participent à la compréhension des sites et à la diffusion des connaissances requièrent des qualifications et des compétences qui mériteraient d’être enfin reconnues.

  • Le respect des principes du service public dans la politique culturelle du CMN et une réelle politique culturelle à destination des populations sur tout le territoire
  • Un projet scientifique et culturel pour l’établissement répondant aux exigences de démocratisation culturelle, de préservation du patrimoine et de participation à la vie culturelle
  • Le renforcement du réseau des monuments nationaux notamment en Outre‐Mer et par des sites marquant l’histoire sociale ou industrielle
  • La fin de la politique d’externalisations au privé des missions du CMN et la réinternalisation de toutes les missions déjà externalisées (entretien, jardin, surveillance, médiation culturelle…)
  • Des emplois publics pour les missions de service public : la création d’emplois statutaires à hauteur des besoins et l’attribution des moyens indispensables au fonctionnement des monuments
  • Un plan de déprécarisation des métiers de la médiation culturelle passant par de la titularisation et de la CDIsation
  • Une véritable assise financière du CMN par un soutien fort et stable du financement par l’État, pour en finir avec la dépendance au développement des ressources propres
  • La garantie du modèle de péréquation des moyens entre monuments par la sanctuarisation du périmètre du CMN
  • L’inaliénabilité des monuments nationaux
  • Une véritable reconnaissance des missions des agent.e.s assurant l’accueil et la médiation culturelle (visite commentée, langues étrangères, ateliers du patrimoine, conférences)