Chacun mesure à présent l’étendue des dommages causés au ministère de la Culture par la première vague de RGPP : démantèlement de l’administration centrale, négation des missions de service public, recul sans précédent depuis 50 ans des capacités d’action et d’innovation de l’Etat sur le champ culturel, suppressions d’emplois, conditions de travail détériorées, agents méprisés et malmenés.
L’offensive du gouvernement contre le service public culturel n’a pas épargné non plus les quelque 80 « opérateurs » que compte le ministère. Les établissements publics qui concentrent 70% des emplois et des moyens budgétaires sont d’ores et déjà pris dans la tenaille de la compression des subventions publiques et de l’application de la règle socialement inique et économiquement absurde du non remplacement d’un agent sur deux partant à la retraite.
Le véritable et principal objectif du gouvernement, on le sait bien, c’est le désengagement budgétaire et la destruction de l’emploi public. Pour y parvenir toutes les fenêtres du logiciel libéral ou presque sont ouvertes en grand : fusion-absorption, filialisation, délocalisation, déréglementation, mobilité-flexibilité, ultra-précarité, externalisation…
Le Président de la République et son gouvernement considèrent aujourd’hui que les 374 décisions de la RGPP 1 permettant de réaliser soi-disant plus de 7 milliards d’euros d’économies à l’horizon de 2011 n’y suffisent pas encore. Sans se soucier plus que cela de l’impact de l’affaiblissement des services publics sur le tissu social de notre pays et des conséquences économiques désastreuses de leur politique, ils ont décidé de cogner encore et encore plus vite.
Pierre Hanotaux, Directeur de cabinet de Frédéric Mitterrand, présentait cet après-midi aux organisations syndicales les grands axes de la deuxième vague de RGPP pour le ministère. Cette réunion a confirmé que les « opérateurs » seraient la cible privilégiée de la RGPP 2. Comme l’a écrit François Fillon lui-même tout récemment à propos du Centre Pompidou, les établissements publics devront « faire mieux et moins cher ». Ils devront se conformer sans broncher au dogme du non remplacement d’un départ à la retraite sur deux. Ils devront encore accroître la part de leurs ressources propres (billetterie, mécénat, autres produits commerciaux et financiers) pour suppléer la réduction des subventions publiques.
Pour enrober le tout, nos dirigeants ont nommé une mission d’audit des « opérateurs » qui doit rendre sa copie, nous a-t-on dit, au plus tard mi-novembre fin novembre…2009.
Cette mission d’audit porte un nom que nous n’aurions pas osé lui donner : L’AUDIT FLASH ! Donc l’audit flash aura fini ses travaux dans un mois tout au plus, bien qu’à cette heure il n’ait encore ni lettre de mission ni périmètre d’intervention (nombre d’établissements publics audités ?).
Audit flash ou pas, après avoir multiplié les établissements publics, après avoir vanté les mérites de leur autonomie, il est maintenant question de les mettre au pas et de tailler dans le vif. Le cabinet du Ministre a clairement annoncé la couleur : un nouveau Conseil de Modernisation des Politiques Publiques (le CMPP est présidé par Nicolas Sarkozy en personne) se réunira fin décembre ou début janvier dernier délai.
Alors que la destinée du ministère de la Culture se joue sans conteste à l’Elysée et rien qu’à l’Elysée, le pire est à craindre !
Seules notre mobilisation, notre détermination et notre unité pourront les arrêter. Pour le ministère de la Culture, pour ses établissements publics, pour tous ses agents, la CGT-Culture ne lâchera rien.