Frédéric Mitterrand : « Ma porte est ouverte »… et mes crédits, et mes emplois foutent le camp !

Plus de 4000 manifestants à Paris entre le Cirque d’Hiver et le Centre Pompidou, des initiatives multiples sur l’ensemble du territoire, de très nombreuses scènes et établissements engagés dans la lutte, la journée d’actions et de grève du 6 mai pour la défense de l’art et du service public culturel est un nouvel avertissement à François Fillon et Frédéric Mitterrand.

Le vaste mouvement engagé par les professionnels et les acteurs de la Culture contre le désengagement de l’Etat, contre les politiques d’austérité et le démantèlement du ministère prend de l’ampleur. La résistance à la double offensive du gouvernement contre le ministère de la culture et les collectivités territoriales est plus que jamais à l’ordre du jour.

La CGT-Culture entend bien s’appuyer sur l’appel qu’elle porte en commun avec la Fédération CGT du Spectacle, la Fédération CGT des Services publics et la FERC-CGT pour continuer à prendre toute sa part à ce combat vital pour la Culture (voir cet appel du 29 avril : https://www.cgt-culture.fr/spip.php?article1112).

Les annonces du Premier ministre au sortir du séminaire gouvernemental réuni le 6 mai pour préparer les budgets 2011 et 2012 constituent pour nous une véritable déclaration de guerre. La Fonction publique et plus largement les services publics vont faire l’objet d’un nouveau plan de rigueur d’une rare brutalité, absolument injuste et, de surcroît, parfaitement absurde en termes de développement économique.

A la lumière de ces dernières annonces, les engagements pris par Frédéric Mitterrand par voie de presse (Cf. Libération du 7 mai) paraissent bien fragiles et relèvent même de la provocation à l’endroit de celles et ceux qui s’opposent depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy à un assaut de « réformes » contre les politiques publiques culturelles.

Les belles déclarations de Frédéric Mitterrand ne résistent pas un seul instant à l’épreuve des faits. Comment croire en effet que le gouvernement, qui entend réaliser 100 milliards d’économies en 3 ans sur les dépenses publiques et mettre la Fonction publique et ses 650 opérateurs (établissements publics) au pain sec, ne mettra pas en œuvre les préconisations désastreuses du rapport Miquel dont nous nous sommes procurés les bonnes feuilles (voir le tract que nous venons de publier avec la Fédération CGT du Spectacle : https://www.cgt-culture.fr/spip.php?article1117), et qu’il n’ira pas plus loin ?

Toute cette affaire est hélas cousue de fil blanc. Au mieux, Frédéric Mitterrand est pieds et poings liés. Au pire, il se fait le porte-parole zélé de mesures qui non seulement ne trompent plus personne mais qui voient la colère grandir chaque jour un peu plus.
A lire le Ministre de la Culture, il suffirait de s’en remettre – sans rire – aux promesses de Nicolas Sarkozy pour se convaincre que le ministère de la culture a le vent en poupe, que la capacité des collectivités à agir pour les arts et la culture sera préservée et que « l’exception culturelle restera la marque de fabrique de notre pays et de ses territoires ».

En vérité et dans tous les cas, le ministère de la culture, ses services et établissements sont de nouveau la cible de mesures extrêmes conçues par le résident de l’Elysée et ses meilleurs conseillers.

Hier après-midi, les manifestants réclamaient que Frédéric Mitterrand rende des comptes. La CGT exige d’être reçue au plus vite par le Ministre. Celui-ci doit en effet s’expliquer sur la nouvelle salve de centaines de suppressions d’emplois, de coupes claires dans les budgets et de restructurations déjà quasiment arrêtées par le gouvernement. Comment Frédéric Mitterrand , au-delà des discours et des effets de tribune, entend-t-il défendre un ministère aujourd’hui dramatiquement affaibli et qui est à la veille d’un véritable tsunami ?!

Paris, le 7 mai 2010

version imprimable

Fichier(s) joint(s)