Conseil d’administration de l’Inrap, 31 mars 2015
Avec l’examen du compte financier définitif de l’année précédente, le premier Conseil d’administration de l’année est toujours un moment de vérité sur l’activité et les finances de l’Inrap. Sans surprise, l’établissement a connu en 2014 un nouvel effondrement de son activité de fouille, les comptes sont une nouvelle fois en déficit, des centaines de collègues en CDD ont rejoint Pôle emploi. Du côté des tutelles, on maintient le cap : puisqu’on vous dit que la reprise est là…
Jusqu’au bout, direction de l’Inrap et tutelles auront tenté de minimiser l’ampleur de la crise. Le 3 décembre dernier (un mois avant la clôture de l’exercice !), elles soumettaient au Conseil d’administration de l’établissement un budget rectificatif pour 2014, qui actait certes une baisse de l’activité de fouille, mais une baisse contenue : le point d’équilibre des 160 000 j-h serait atteint et, finalement, un résultat positif de 4,3 millions d’euros était attendu…
Quatre mois plus tard, le compte financier définitif pour 2014, en déficit d’1,7 millions d’euros, permet de prendre la réelle mesure de la situation de l’établissement. L’activité fouille (149 000 j-h en 2014) n’est pas simplement en recul, elle s’effondre de 17% sur un an, de 22% par rapport à 2012. A l’origine de cette dégradation, on trouve naturellement la chute importante de l’aménagement du territoire mais aussi une dégradation continue de la position concurrentielle de l’Inrap (perte de 12 points de « parts de marché » sur les cinq dernières années) et une guerre des prix exacerbée entre opérateurs, qui multiplient les pratiques de dumping scientifique, y compris du côté de l’institut. Par ailleurs, et ce n’est pas qu’un détail, le chiffre de 149 000 j-h d’activité fouille, aussi mauvais soit-il, masque une réalité plus préoccupante encore. Près de 58% de ces j-h correspondent à des travaux de post fouille, soit une activité de terrain pour les fouilles inférieure à 400 ETPT, un niveau historiquement bas, que l’établissement n’a plus connu depuis 2003.
Un plan social qui ne dit pas son nom
Des mauvais chiffres qui ont une traduction très concrète pour les personnels : 116 équivalents temps plein travaillés (ETPT) en moins en 2014 et l’établissement qui passe, pour la première fois depuis 2007, sous la barre des 2 000 ETPT. Pour les organisations syndicales, c’est un vrai plan social qui ne dit pas son nom et qui touche naturellement en premier lieu les personnels précaires : ce sont plus de 250 collègues, travaillant pour la plupart depuis de nombreuses années pour l’institut, qui pointent aujourd’hui à Pôle emploi.
Les perspectives pour les prochaines années ne sont guère plus réjouissantes. Les surfaces sondées par l’Inrap en 2014 chutent de 24% (6 300 ha en 2014 contre 8 100 en 2013), ce qui traduit à la fois une chute du nombre de prescriptions et une baisse de la surface moyenne des projets concernés. Une telle baisse des surfaces diagnostiquées augure mal du volume d’activité à venir et de son incidence sur le quotidien des personnels. Dans ces conditions, quelle crédibilité accorder à un budget prévisionnel 2015 pour l’Inrap qui table sur une augmentation de 11% de l’activité de fouille par rapport à 2014, alors que la position concurrentielle de l’établissement continue de se dégrader ? Quelle crédibilité accorder à un budget prévisionnel qui affiche 65 millions d’euros de recettes au titre de la redevance d’archéologie préventive alors que la « tuyauterie » de la RAP est de nouveau bouchée et que l’établissement a perçu, sur le 1er trimestre 2015, moins de 10 millions ?
Mais rassurez-vous : la reprise arrive, c’est du moins ce que disent les représentants du ministère de la Culture au Conseil d’administration de l’institut …
Paris, le 3 avril 2015
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