Le 25 mars, le Président du Centre des Monuments Nationaux, Philippe Bélaval, accompagné de la Directrice Générale et
de la Directrice des Ressources Humaines, recevait les organisations syndicales pour discuter de la future réorganisation.
A ce stade, le seul document qui nous a été fourni était un simple « PowerPoint » qui avait été préalablement présenté en
CODIR élargi et diffusé à l’ensemble des agents.
Les objectifs de la réorganisation
M. Bélaval veut « équilibrer les relations entre le siège et les monuments »
Il faut effectivement rechercher un équilibre, c’est-à-dire ne pas simplement renverser la balance en dépossédant les
agents du siège de leurs missions. Attention donc à l’application du « principe de subsidiarité » : il faut prendre en compte
les compétences de chacun et rechercher les complémentarités entre les compétences des agents du siège et les
compétences des agents des monuments. Il faut aussi rappeler que le CMN est un réseau de monuments. C’est le siège
qui garantit la cohérence de ce réseau.
M. Bélaval veut « tirer les meilleurs profits des talents et compétences qui sont étouffés dans l’organisation
actuelle »
Mais connait-il les talents et compétences en question ? Depuis l’arrivée de la nouvelle équipe dirigeante, nous n’avons
vu ni le Président ni la Directrice Générale ni le chargé de mission aller à la rencontre des agents pour mieux comprendre
leur travail. A notre connaissance ils n’ont pas non plus demandé aux directeurs et aux chefs de départements de leur
décrire les missions des agents et de leurs équipes.
M. Bélaval souhaite une organisation du siège « plus lisible, plus réactive, plus légère et plus équilibrée »
« Les monuments ne savent pas à qui s’adresser » (dixit Philippe Bélaval) : le tableau n’est pas si noir et pour bien des
sujets les monuments savent à qui s’adresser et ils le font. Le manque de réactivité provient avant tout d’une absence
de procédure (problème en grande partie lié au turn-over des cadres de l’établissement) qui rend complexe et longue
toute décision impliquant plusieurs directions.
M. Bélaval veut « plus de transversalité », « plus de travail en commun » et « plus de partage d’information »
La transversalité existe pourtant au CMN, peut-être pas assez entre les cadres supérieurs, mais elle existe bien à des
niveaux inférieurs. Beaucoup d’agents ne demandent qu’à travailler ensemble et à partager plus d’informations avec
les agents de services ou directions différentes mais cela est souvent compliqué en raison de luttes de pouvoir entre
directions ou entre services.
L’enjeu économique
Nous l’avons bien compris, cet enjeu est central pour la nouvelle direction. Quand nous avons interrogé M. Bélaval sur les
« orientations stratégiques » et la « stratégie culturelle » de l’établissement, il nous a répondu : « Soutenir la fréquentation
malgré le contexte général d’austérité », c’est-à-dire « ouvrir à un très large public », « optimiser les recettes », « avoir
des monuments ouverts au maximum aux publics et bien entretenus ». La fréquentation ne peut être la stratégie
culturelle du CMN ! Soutenir la fréquentation est un moyen et ne peut être une fin en soi.
La méthode
Comment cette réorganisation a été préparée par la Présidence ?
Il est certain que le Président et la Directrice Générale ont réfléchi à cette réorganisation et envisagé des scénarii avant de
lancer cette concertation. Mais sur quoi se sont-ils basés ? Comme nous l’avons écrit plus haut ils ne se sont apparemment
pas beaucoup intéressés depuis leur arrivée aux fonctions réelles des agents.
Le fait que la préparation de cette réorganisation se soit apparemment faite sans connaissance des fonctions réelles des
agents est particulièrement inquiétant : cela laisse craindre une réorganisation plaquée, sans soucis de cohérence avec la
réalité des fonctions des agents. De plus, le document transmis aux agents émane visiblement d’un cabinet privé même
si la Direction Gé s’en est défendu.
Au final, M. Bélaval a admis avoir eu recours à un cabinet de conseil (IDEE RH) pour un « appui léger » : des « conseils
personnalisés » pour lui et la Directrice générale. Il nous a assuré cependant qu’il n’y a eu ni audit ni préconisations faites
par un cabinet extérieur et qu’il n’envisageait pas d’accompagnement extérieur à la démarche de réorganisation.
M. Bélaval assure que les trois pôles de réflexion ne correspondent pas à une préfiguration de la nouvelle
organisation et qu’il s’agit uniquement d’un regroupement des directions en trois « familles ». Pourtant les
directeurs sont appelés « préfigurateurs »…
Comment la concertation va-t-elle être menée ?
La CGT a demandé à recevoir :
• le calendrier de tous les groupes de travail (directeurs, administrateurs) et de toutes les réunions de
travail participatives prévues dans les services,
• les comptes-rendus de ces réunions
• les lettres de missions adressées aux directeurs
Selon la Direction Générale, c’est à chaque directeur « préfigurateur » de fixer les thématiques et les modalités des
groupes de travail dont il est responsable. La CGT demande que les groupes de travail soient ouverts à tous les agents
volontaires et non seulement aux agents choisis par les directeurs « préfigurateurs ». Il faut que les thématiques et les
dates de réunion soient publiques. En outre, il faut que les comptes-rendus de ces réunions soient réalisés de manière
transparente et transmis aux organisations syndicales.
La Direction générale nous dit qu’elle fera la transmission de l’information entre les groupes de travail « siège « et les
groupes de travail « administrateurs. »
La CGT demande que le processus de concertation soit entièrement transparent, à toutes les étapes et pour tous les agents. Il faut que toutes les informations et tous les documents soient transmis aux organisations syndicales (et qu’il n’y
ait qu’une version des documents…)
Le calendrier est selon M. Bélaval « suffisant pour un travail concerté » et assez court pour rester « efficace »
Il est surtout très court ! Il s’agit en fait de seulement quelques semaines. Pourquoi ne pas avoir entamé la concertation cet
hiver quand la nécessité d’une réorganisation s’est imposée dans l’esprit de M. Bélaval ? Plus inquiétant : le calendrier de
la concertation est encore très vague. De plus, le moment est très mal choisi (ou bien choisi…) : juste avant le démarrage
de la saison culturelle, il va être difficile pour tous les agents de se rendre disponibles.
Les conséquences
Sur les missions de chaque agent : M. Bélaval nous dit qu’il n’y aura pas de suppression d’emplois mais que
certains agents verront leurs fiches de poste modifiées
Comment cela va-t-il se passer ? Comment être certain que cela se fera dans le respect des «missions et compétences »
de chacun ?
Sur la localisation de chaque agent : M. Bélaval « souhaite que la réflexion sur notre organisation ne soit pas
parasitée par des préoccupations, très légitimes, de déménagement »
Il annonce qu’il n’y aura pas de déménagement en 2013 entre Sully et Domino sauf cas particuliers individuels et qu’il n’y
aura pas de déménagement de services entiers. Cela pose néanmoins plusieurs questions :
• Comment seront traités ces cas individuels ?
• Les agents concernés pourront-ils refuser de déménager ?
• Y-aura-t-il des déménagements du siège vers les monuments d’Ile-de-France ou de Province
• Dans quelles conditions ?
Quant au projet de regroupement du siège en un seul site, il est remis à plus tard, quand le bail des Lilas arrivera à
échéance (2015 ?)
Autres remarques
• La CGT a rappelé au Président la situation morale des agents à son arrivée : souffrance, démoralisation. Il faut
en tenir compte pour cette réorganisation.
• Il faudrait travailler sur la mise en place de procédures.
• Cela ressemble beaucoup à la RGPP au Ministère de la Culture.
• M. Bélaval est favorable à la re-instauration d’un conseil scientifique directement rattaché à la Présidence
Direction générale. Il a demandé à la Ministre que ce soit inscrit dans les statuts du CMN. Qui en fera partie ?
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