Face à la montée en puissance d’une gestion de plus en plus managériale et technocratique des écoles d’art, le LENA syndicat CGT culture des écoles d’art défend activement la capacité de ces lieux où l’art et le design s’inventent aujourd’hui à « Faire Monde ».

Faire Monde,

— C’est défendre le milieu d’expérimentation artistique et intellectuel que forment nos différentes écoles contre un processus de technocratisation larvé qui se développe sous couvert d’une ouverture des écoles au marché mondialisé de l’enseignement supérieur, conséquence du « Processus de Bologne ».

— C’est défendre la richesse des formats de la recherche et de la production artistique, la capacité des écoles d’art et de design à donner aux jeunes la possibilité d’un engagement dans une pratique personnelle et ouverte sur le monde.

— C’est défendre l’écosystème de travail original inventé par nos écoles, riches en collaborations de toutes sortes ; c’est faire reconnaître la valeur et la qualité du travail effectué par les personnels. Alors qu’ils manifestent au quotidien des compétences allant souvent bien au-delà de leurs missions initiales pour des rémunérations souvent en dessous de celles des autres ministères, les agents accèdent difficilement à des promotions ou à des évolutions de carrière satisfaisantes.

Défendre la revalorisation des métiers et des rémunérations de tous, s’opposer à la destruction des postes de titulaires et aux contrats précaires sans possibilité de carrière, n’est pas seulement une question monétaire, c’est défendre la pleine appartenance de tous à une communauté de travail qui revendique la collégialité et l’inventivité comme valeurs.

Notre tutelle doit renouer avec le sens profond du mot « culture » comme invention des rapports humains, et entendre le mal être de nombre d’agents des écoles d’art, coincés entre une tutelle de plus en plus indifférente à la question de l’art, et les dérives managériales de leur hiérarchie locale.

Notre tutelle doit revenir sur le terrain, aussi bien pour redécouvrir les  pratiques spécifiques et hybrides (entre pratique et recherche, technique et pédagogie…) qui font des écoles un milieu vivant et singulier,  que pour prendre conscience de dysfonctionnements d’autant plus difficiles à juguler que les écoles sont de petite taille et dispersées sur le territoire.

Il serait regrettable que sous le prétexte de faciliter la diffusion de la culture, notre ministère oublie les lieux où elle se crée !

Colonnes de Buren, 10 juin 2022