Hier, 1er décembre, les personnels du musée d’Orsay ont décrété la grève, avec une franche détermination. En conséquence, le musée est resté fermé. C’est un signe de désaccord avec les agissements de la direction.
Les agents manifestent :
leur indignation devant le rouleau compresseur de la politique gouvernementale ;
leur farouche opposition au massacre du service public et de ses missions.
Après deux heures de négociations, Frédéric Mitterrand n’a transmis qu’un message à l’intersyndicale : Je suis ministre du gouvernement, j’applique la politique du gouvernement.
Dès lors, toutes les organisations syndicales du MCC appellent les personnels à poursuivre et amplifier la grève.
Le vent mauvais de la RGPP est une démonstration de force du gouvernement qui tente de retirer aux agents de la fonction publique les fondements de leurs métiers, et met en péril les statuts et les garanties collectives, sous couvert de « rationaliser les ressources
humaines. »
De cette funeste Révision, la direction d’Orsay se fait l’exécutrice zélée ; elle s’emploie sans répit à faire plier les personnels sous ses objectifs d’autonomie à la sauce ultralibérale.
Guy Cogeval délivre ses conseils : « Il faut simplifier ‘l’administration’ des musées. Il y a beaucoup trop de tutelles. » Entendez : je n’ai pas les mains assez libres.
Pour recruter des non-titulaires précaires dirigés par la peur ?
Du côté des conservateurs
Cet entretien avec Guy Cogeval vient de paraître dans un magazine mensuel d’art (auquel collabore régulièrement un membre de la conservation d’Orsay).
A la question : « Vos projets de réforme semblent susciter l’ire [la colère] de certains personnels du musée. Pourquoi ? », Guy Cogeval répond :
« La majorité des conservateurs de la maison sont d’accord avec moi. »
Une partie des conservateurs, donc. Les 600 autres agents n’entrent-ils pas en ligne decompte ?
L’ensemble des 20 conservateurs du Musée national d’art moderne (Centre Pompidou) ont adressé avant-hier, lundi 30/11, une lettre ouverte au ministre de la Culture pour attirer son attention sur « les conséquences catastrophiques » pour le Centre Pompidou de l’application de la RGPP.
« Si les emplois ne sont pas sauvegardés et si la subvention n’est pas réévaluée, le musée devra réduire le nombre et l’importance de ses expositions, restreindre ses prêts, ralentir considérablement sa participation à la vie culturelle nationale et internationale », écriventils.
L’intersyndicale revendique le maintien de la subvention d’Etat, des budgets defonctionnement. A Orsay, pour les expositions, 800 000 € sont supprimés en 2010…
L’intersyndicale défend aussi les emplois, contre la tendance à la précarisation du personnel.
Guerre des nerfs
Dans le mot « réforme » de la question qui lui est posée dans l’article, Guy Cogeval ne veut entendre que : modifications d’accrochage.
Il conduit pourtant d’autres réformes, moins voyantes, comme le management par les invectives et les coups de sang, imité par des chefs de service soudain transformés en clones d’un président.
Quels changements en un an ! Une « nouvelle dynamique » a été mise sur rails, faite d’agressivité verbale, de manque de respect, de dénigrement et de brimades.
La vulnérabilité des agents est soigneusement entretenue par :
une dégradation des conditions de travail ;
une absence de soutien et de reconnaissance par la hiérarchie ;
des critiques répétées ;
des insinuations blessantes et vexatoires.
L’agitation liée aux travaux conduit à une inflation de consignes urgentes et confuses qui rendent le travail infaisable dans les délais impartis.
La crainte de perdre son emploi ou ses fonctions a généré la soumission silencieuse de beaucoup d’agents, malgré les difficultés accrues du travail.
Combien d’agents ces derniers mois s’effondrent en larmes chez le médecin de prévention ou le DRH, font des dépressions, des malaises ?
Et combien sont épuisés, découragés ? Combien ont quitté le musée à regret, abandonnant, pour se préserver, des missions qui les enthousiasmaient ?
La RGPP, c’est aussi ce gâchis-là. Un incroyable gâchis humain.
Refusons ces réformes qui mènent à la destruction des valeurs humanistes de la Culture. Pour économiser 0,4 % du budget de la
Culture, c’est-à-dire 0,004 % du budget de l’État.
Aujourd’hui les opérateurs publics sont convoqués au ministère du
budget pour s’entendre dire qu’il leur faut se serrer la ceinture en
2010, bien plus que prévu.
Poursuivons le mouvement !