« Ce n’est pas une miette de pain, c’est la moisson du monde entier qu’il faut à la race humaine, sans exploiteur, sans exploité ».
Louise Michel, figure emblématique de la Commune de 1871.
Ces quelques mots ont une résonnance toute particulière avec l’actualité nationale et internationale. D’un côté, il y aura eu la « magnifique » mobilisation de solidarité pour sauver le capitalisme en danger en 2008 où 1 700 milliards étaient débolqués par l’Union européenne (dont 360 rien que pour la France), 700 milliards par les Etats-Unis d’Amérique pour venir aider le système financier qui était au bord de la faillite. Les Etats à la rescousse des banques et des habitués du CAC 40 et la crise était derrière nous, nous martelait-on.
Eh oui, les choses vont mieux. Pour eux, les grands patrons et autres traders qui continuent de se goinfrer : 47 000 000 000 d’euros de bénéfices en 2009 (soulignons par la même occasion les 1 800 000 000 euros de bonus pour 8 000 traders) et pour encourager les actionnaires à boursicoter leurs petites et grosses économies les trois quarts des bénéfices leurs seront attribués ! De quoi se plaint-on ? C’est reparti comme en 14 : on rafle les bénéfices et on licencie.
Et les travailleurs là-dedans ? Et bien c’est 1 000 000 de chômeurs qui arriveront en fin de droit en 2010. Nos belles entreprises françaises (cocorico) vont investir dans les pays dits émergents (90% pour Lafargue, 80% pour Air Liquide…) : en Chine, en Inde, au Brésil…
Et ceux qui savent si bien se remplir les poches, faire appel aux Etats pour les sauver de la banqueroute, vont nous faire payer la note… qui s’annonce très, très salée. Après la crise financière dont ils se sont sortis, nous voici au cœur de la crise sociale qui elle, en laissera plus d’un sur le carreau. Après la faillite de l’Islande, voici celle de l’Espagne, de la Grèce, du Portugal… Alors, les Etats mettent en place des plans d’austérité : augmentation de l’âge du départ à la retraite, réduction des salaires (y compris dans le secteur public), augmentation de la TVA… on sait toujours s’attaquer aux plus faibles ! Concernant la Grèce, alors que le pays dans en très grande difficulté, la solidarité est de mise… mais on y va sur la pointe des pieds : l’Allemagne notamment fait les gros yeux, la France tatillonne, et comme il n’y a jamais de petits profits, on taxera la Grèce à un taux d’intérêt de 5% (soit 150 millions d’intérêts sur les 6,9 milliards d’emprunt) contre seulement 1% en 2008 pour les banques. On ne fera pas non plus l’économie d’en appeler au Fond mondial international, histoire de mettre davantage le peuple grec à genoux. Mais celui-ci n’a pas dit son dernier mot et ne cesse de se mobiliser depuis plusieurs semaines déjà.
Mais en France, nous ne sommes pas en reste puisqu’on ne cesse de revenir sur des acquis sociaux tel ceux des mineurs retraités ou bien des veuves de mineurs datant de 1946, période de l’après-guerre où la France avait besoin des mineurs pour la reconstruction du pays. Aujourd’hui, certains n’ont pas eu la décence de mourir suffisamment tôt et prétendent aujourd’hui au régime spécial auxquels ils ont cotisé en raison de la pénibilité de leur travail et des maladies graves auxquelles ils étaient exposés… sachant par ailleurs que certains anciens miniers ou veuves ne touchent pas même 600 euros (pour rappel le seuil de pauvreté est à 908 euros) !
Aujourd’hui ce sont les magistrats, les enseignants, personnels hospitaliers, médecins, professionnels de la petite enfance, agriculteurs… qui se mobilisent et témoignent d’un climat social tendu. Que dire de la Fonction publique que le gouvernement ne cesse d’attaquer : réforme des retraites, suppressions en quelques années de plusieurs centaines de milliers d’emplois, politique de paupérisation des salaires et de précarisation des emplois, privatisation rampante… Le ministère de la Culture et le Centre des monuments nationaux sont bien contents de trouver des agents d’accueil et de surveillance polyglottes faisant des visites commentées ou des cassiers-vendeurs et ne se gênant pas de les recruter sur des besoins artificiels pour les maintenir dans une précarité sociale et professionnelle pour mieux briser ceux qui oseraient revendiquer des droits. Heureusement, les personnels des monuments parisiens, du château comtal de Carcassonne, du domaine de Saint-Cloud, de l’abbaye du Thoronet, de la région sud-est… montrent qu’il est plus que jamais opportun de se faire entendre pour nos emplois, nos salaires, nos missions et notre dignité !
Alors qu’un film sort actuellement dans les salles sur Louise Michel qui fût déportée avec 4500 autres individus pour avoir voulu un monde meilleur… cela témoigne que les combats d’hier nous ont permis d’obtenir nos droits actuels, nul doute que les combats d’aujourd’hui sont les conquêtes de demain. La question de la répartition des richesses reste toujours d’actualité à une époque où nos dirigeants s’empressent de sauver le système bancaire et financier et s’interrogent quant à la solidarité entre les Etats et les peuples. Cette solidarité entre les peuples est une valeur que porte, quant à elle, quotidiennement la CGT.
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