« Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte »
Victor Hugo 1872
Cet été est sorti le film « Cleveland contre Wall Street » restituant un procès fictif de la ville qui a vu à
Cleveland, ville industrielle sinistrée du Middle West, 20 000 familles des quartiers défavorisés explusées de
leurs maisons. Et oui, c’est ça aussi le rêve américain : accorder des crédits exorbitants aux plus démunis et
que l’on sait non solvable, faire profiter de ces prêts regroupés ent titres à des actionnaires alléchés par leur
rentabilité, et puis ne reste plus qu’à croquer la chair fraîche : on s’approprie les biens des créditeurs qui sont
bien incapables de rembourser.
C’est ce qu’on appelle la crise des subprimes, celle qui a entraîné la crise financière qui n’a eu d’égal que
celle de 1929. Beau palmarès, y’a pas à dire. Oh bien sûr, la France n’a rien à voir avec ce « capitalisme sans
moral ». Tout cela est bien loin de nous…
C’est pourtant, il y a tout juste quelques semaines, la Grèce au bord de la faillite et que l’Union européenne
(UE) tergiverse à aider… « Aide » ce n’est pourtant pas le sentiment qu’en a eu le peuple grec puisque
ces « chers » FMI et UE demandent à la Grèce l’assouplissement du marché de travail : supprimer les
conventions collectives protégeant les salariés, contourner les accords de branche, rendre le marché
du travail plus «flexible »réduire les salaires du privé et du public, réduire les services publics par une
accélération des privatisations et le non remplacement de quatre fonctionnaires sur cinq partant à la
retraite… Le peuple grec continue de se mobiliser et a appelé à une grève générale le 15 décembre.
Grève générale massivement suivie au Portugal le 24 novembre, plus grande grève connue depuis
1988, dernière grève unitaire qu’a connu le pays. Car le Portugal prend la voie grecque : baisse des
salaires du secteur public, diminutions de nombreuses prestations sociales, hausses des impôts…
L’Irlande a connu à son tour une profonde récession suite à l’éclatement de sa bulle immobilière.
Le « Tigre celtique » se voulait pourtant être un bon apôtre de l’économie libérale. Et si les Irlandais
vont trinquer sur un nouveau plan d’austérité, les entreprises qui elles bénéficient du meilleur taux
d’imposition européen à 12% ne seront en aucun cas mises à contribution.
Bientôt la liste va s’allonger, à qui le tour : la Grande-Bretagne, l’Espagne..?
En tout cas, la France connaît le même trip que ces voisins : dépenses publiques rabotées de 5%,
gel des salaires des agents de la Fonction publique (fonctionnaire, contractuels, vacataires…),
non remplacement d’un agent public sur deux, suppression de 31 638 postes en 2011 dont 16
000 rien que pour l’Education nationale, gel des dotations aux collectivités locales pendant trois
ans alors qu’elles réalisent 73% des investissements publics, augmentation des impôts (pour les
jeunes mariés, les abonnements d’accès à l’internet, taxe sur les offres complémentaires santé…).
Bref, si on ne nous dit pas de quel mal on souffre, il semblerait qu’on nous prescrive à peu de
choses près les mêmes remèdes qu’à nos voisins…
Face à ce bad trip collectif, il faudrait changer les ordonnances prescrites par le FMI et l’UE.
Sortir de la dictature des notations qui poussent les Etats à la faillite, les peuples à la rue et
dans la rue et dont la violence va crescendo…
La mobilisation doit se poursuivre. Et comme les 29 septembre et 15 décembre être à
l’échelle des enjeux c’est-à-dire au niveau de l’Europe. Pour une Europe sociale et non
une Europe libérale !
« Hélas ! Combien de temps faudra-t-il vous redire
A vous tous, que c’était à vous de les conduire,
Qu’il fallait leur donner leur part de la cité,
Que votre aveuglement provoque leur cécité ;
D’une tutelle avare on recueille les suites,
Et le mal qu’ils vous font, c’est vous qui le leur fîtes ».
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