Ils veulent vendre nos monuments !
Cette fois ça y est ! la loi est votée. Sans fanfare ni trompette mais pas non plus dans l’indifférence générale, surtout de la part de nos dirigeants. Le 27 janvier, le lendemain même de l’adoption en première lecture par le Sénat du Projet de loi « relatif au patrimoine monumental de l’État », tous les agents de l’établissement ayant une adresse mail professionnelle (ce qui est encore loin d’être le cas de tout le monde soit dit en passant…) ont reçut un message personnel d’Isabelle Lemesle, Présidente du Centre des Monuments Nationaux, pour leur annoncer la grande nouvelle. Quelques lignes d’un enthousiasme débordant pour leur dire que, grâce à cette nouvelle loi, le CMN allait être sauver !
Certes, plusieurs dispositions dans le texte semblent, à première vue, cadrer les choses et mettre en place des garde-fous afin d’éviter les dérives. Cette loi serait donc une sorte de « paratonnerre » en somme. Le mot n’est pas de moi mais de Philippe Belaval, ci-devant Directeur Général des Patrimoines du ministère de la Culture. A première vue seulement…
D’autres dispositions prévoient également l’inscription dans le Code du Patrimoine de la fameuse « péréquation » système de financement qui fonde l’existance même de notre établissement. Le périmètre du CMN devrait se voir aussi stabilisé (définitivement ?) par l’inscription des monuments qu’il gère sur une liste établie en Conseil d’État. Ainsi, à première vue, cette nouvelle loi renforcerait et réaffirmerait le rôle du CMN en tant qu’opérateur culturel majeur dans la sphère patrimoniale. A première vus seulement…
Car justement, nos dirigeants ont la vue bien courte lorsqu’il s’agit d’appréhender les enjeux au delà de leur simple pré-carré et pour le bien de leur carrière, car tout de même, les présidents passent, mais les personnels eux restent ! (quoique en ce moment…)
Derrière les non-dits et les silences de cette loi, dans les zones d’ombres de la rhétorique législative la bête se terre. Son nom : Aliénation. En effet, derrière les bonnes intentions et sous couvert de mettre en place un cadre législatif strict, cette nouvelle loi confirme et facilite explicitement la possibilité de vendre nos monuments historiques. Vous pensiez la chose impossible ? Ils n’ont pourtant pas attendu le vote de la loi, voyez l’affaire de l’hôtel de la Marine. Moins médiatique mais plus proche de nous, la vente du logis Saint-Pierre au Mont-Saint-Michel, racheté récemment par le patron de la « Mère Poulard » et pour en faire quoi ? Certainement pas un projet culturel !
Mais tout cela est sans importance puisque le CMN sera sauvé ! Mais en est-on si sûr ? La loi doit de nouveau être examinée à l’Assemblée Nationale et rien ne dit qu’elle en sorte indemne. Les députés se laisseront-ils séduire par les arguments (et surtout les réseaux) de Madame Lemesle ? La toute puissante agence France Domaine avec ses nombreux relais au sein du Parlement, laissera t-elle un Haut Conseil du Patrimoine, tel que prévu par la loi, s’installer etempiéter sur ces plats de bandes ?
Et quand bien même, la loi telle que votée au Sénat est de toute façon dangereuse, même si le CMN paraît plus ou moins épargné. Car avant d’être des agents du CMN, avant d’être des fonctionnaire, nous sommes des citoyens. Et au delà du CMN, avec ces « quelques » 96 monuments, se sont 1750 bâtiments classés ou inscrits appartenant à l’État qui sont aujourd’hui menacés. Alors, en tant que citoyens, nous ne pouvons ni ne devons laisser notre patrimoine collectif témoin de notre Histoire et de notre Mémoire, tomber dans les mains du privé au nom de idéologie libérale.
Alors, face à ce rouleau compresseur, une seule réponse.
Ne les laissons pas faire !
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