La grande désillusion…
Je me souviens d’un temps, c’était l’été dernier, il faisait encore beau, le soleil brillait (si, si, un peu quand
même) sur la France. Le printemps nous avait apporté, avec le retour des beaux jours un nouveau gouvernement,
de gauche, à ce qu’on nous disait, et le changement c’était maintenant… après cinq années
difficiles de « Sarkosisme »…
Au ministère de la Culture débarquait une jeune femme fraiche et pimpante, fille d’un ancien mineur de
fond, maire communiste d’une petite commune de Lorraine et petite-fille d’immigrés italiens venus travailler
dans les mines de fer de la région. Avant de se retrouver Ministre de la Culture, Aurélie Filippetti
avait raconté dans un roman, paru en 2003, Les Derniers Jours de la classe ouvrière, comment son
grand-père, resistant, avait été arrêté par la Gestapo au fond de la mine, puis déporté en camp de concentration
avec les deux frères de celui-ci. Elle y évoquait aussi la mémoire ouvrière et le sentiment de déclassement
du monde ouvrier après la fermeture des mines et des usines sidérurgiques en Lorraine…
Lors de nos premiers rendez-vous avec elle, elle se montra très ferme, très défensive pour préserver, autant
que possible, le ministère qu’on venait de lui confier. Oui, elle se battrait pour préserver les emplois, dans
un ministère déjà saigné à blanc. Oui, elle se battrait pour le budget d’un ministère ayant longtemps
fait office de variable d’ajustement…
Oui, elle a dû tenter tout cela, plusieurs articles de journaux indiscrets comme « le Canard » en ont
fait état, mais ils nous ont raconté aussi comment elle s’est vite fait remettre à sa place, par le premier
ministre, de ce « gouvernement de gauche ». Pourtant, le candidat Hollande avait annoncé que « le
budget de la Culture serait sanctuarisé durant tout le quinquennat ».
Aujourd’hui, le printemps et l’été sont loin derrière nous, l’hiver approche. Le ciel est gris sur Paris
et les dernières annonces gouvernementales ne font qu’enfoncer le couteau dans la plaie, pourtant
déjà bien vive…
La crise c’est pour tout le monde et ce n’est pas parce que notre ministère représente moins de 1 %
du budget de l’Etat qu’il doit être épargné ! Il n’y a pas de petites économies !
200 suppressions de poste auront lieu sur le ministère, essentiellement sur du titre 2 (titulaire)
dont 85 dans les établissements publics, et ce malgré la création de nouveaux musées comme le
Mucem à Marseille, ou l’agrandissement de ceux déjà existant comme avec l’arrivée des Arts de
l’Islam au Louvre…
La RGPP (révision générale des politiques publiques) devient de plus en plus violente, mais elle
ne porte plus le même nom, aujourd’hui c’est la MAP (modernisation de l’action publique),
puisqu’on vous dit que « le changement c’est maintenant » !
Le budget, lui, subira un rabotage de plus de 4 %, ce qui est énorme dans un ministère où il
était déjà très insuffisant.
Les établissements publics tel le CMN sont invités à « poursuivre leur effort de maîtrise de
dépenses, de développement de leurs ressources propres, qu’il s’agisse de billetterie, de mécénat
ou de recettes diverses de location d’espace »… Tout un programme !
Alors le CMN fait un partenariat avec My Major Company, où le ridicule ne tue pas.
En bon élève de la politique de ce gouvernement, le CMN est aux premières loges dans les
emplois d’avenir, une belle image politique et sans doute aussi un moyen de combler certains
vides des effectifs, sans le dire…
Les mesures politiques dont on nous accable aujourd’hui (20 milliards de prélèvements
supplémentaires et les 10 milliards d’euros d’économies figurant au budget 2013, soit des
impôts supplémentaires pour tous ; volonté d’une réforme de l’Etat et de notre système
social : «Nous devons être capables de faire mieux, en dépensant moins», autrement
dit RGPP-bis et casse de notre système social, et autres joyeusetés…), se font au nom d’un
équilibre économique européen fortement discutable. Ainsi, il apparait de plus en plus évident
qu’à l’avenir, les luttes se mèneront aussi sur le « terrain européen » (manifestations
et mobilisation européennes comme le 14 novembre dernier), mais restons aussi mobilisés
et vigilants dans nos propres secteurs.
Alors, même si l’hiver s’installe, s’il fait froid et si le ciel est gris, n’hibernons pas et restons
prêts à la mobilisation, accrochons nous et ne baissons pas les bras, il peut encore y avoir
des printemps qui chantent…
P.S.
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