Notre Dame brûle :
En a-t-on tiré les leçons ?
Ce 16 mars est sorti sur les écrans le nouveau film de Jean-Jacques Annaud sur l’incendie de Notre Dame de Paris survenu le 15 avril 2019.
Jean-Jacques Annaud a souhaité que la cathédrale soit l’héroïne du film. C’est bien évidemment le cas, cependant, ce film fait la part belle au monde du travail, ces véritables héros que sont les premiers de corvée. En effet, ce sont elles et eux qui sont au cœur de l’action et des décisions.
Une fois de plus, les agents des tours de Notre Dame sont oubliés alors que deux de nos collègues étaient présentes et que l’une d’entre elle a dû descendre, seule, l’escalier déjà bien enfumé.
Les premiers de corvée, ces héros du quotidien
Qu’ils soient agents de sécurité, du diocèse, pompiers, agents du ministère de la culture, ce film montre des agents investis de leurs missions faisant face au danger parfois au péril de leur santé ou de leur vie.
Ce film montre également de nombreux dysfonctionnements dont les premières victimes sont les différents travailleurs : sous-effectif, externalisation, manque de formation, mauvais entretien du matériel et des infrastructures…
La mémoire de nos dirigeants est parfois courte. Il ne faudrait pas que toute la communication faite pour reconstruire la cathédrale de Notre Dame de Paris à coups de millions d’euros de dons (dont certaines grosses fortunes qui se voient en plus exonérées d’impôts) fasse oublier que la préservation du patrimoine passe par les moyens que l’Etat et ses institutions y mettent tant sur les questions d’entretien et de conservation, de mise en sécurité ainsi que d’effectifs suffisants et de formations adéquates.
C’est la reconnaissance même du travail, des travailleurs et travailleuses qui est au cœur de ce film. La technologie (écrans, alarme…) a en effet ses limites. La présence humaine est la meilleure des préventions sur les questions de sécurité/sûreté.
Il serait temps de revenir sur les politiques d’austérité qui vont à l’encontre des missions et des agents. Ainsi dans les établissements comme la BnF, le Louvre, Versailles ou Orsay, les pompiers affectés doivent désormais laisser place à des prestataires privés. Dans les monuments, ce sont les logements de fonction qui disparaissent mettant potentiellement en péril les sites avec une perte de réactivité et d’efficacité quand survient un danger. Loin d’être des choix budgétaires cohérents ce sont des choix idéologiques qui ont montré leurs limites à Notre Dame de Paris.
L’incendie de Notre Dame de Paris démontre qu’il faut cesser de tirer les missions vers le bas !
Le patrimoine n’a pas de prix, donnons-lui les moyens d’être protégé efficacement !
Paris, le 25 mars 2022.
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