En promulguant en toute hâte la loi réformant les retraites dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 avril, après avoir utilisé sans vergogne le 49.3, le Président de la République nous a volé un grand morceau de démocratie.

Quelques heures auparavant, le Conseil constitutionnel réuni en conclave avait rendu en toute indépendance et après un suspense insoutenable une décision durcissant un peu plus encore la loi, en allant jusqu’à invalider les maigres dispositions relatives aux seniors. La fumée blanche tant attendue nous annonça dans le même mouvement le rejet du RIP.

Mais quel peuple s’en remettrait à la décision de neuf sages autorisés à travailler bien au-delà de 67 ans et nommés pour trois d’entre eux par le Président de la République, pour trois d’entre eux par la Présidente de l’Assemblée Nationale et enfin pour les trois derniers par le Président du Sénat.

Quel pays serait suffisamment immature et naïf pour attendre quelque chose d’un Conseil symbolisant à lui seul l’usure irréversible de nos institutions.

Certainement pas le nôtre.

Personne ne saurait s’y tromper désormais : la brutalité et le mépris sont du côté d’Emmanuel Macron et de son gouvernement. La violence et l’autoritarisme politiques sont d’ores et déjà les marqueurs d’un deuxième quinquennat qui confirme les méthodes et l’aveuglement du premier.

Pire, les choix stratégiques et les grandes orientations de l’Elysée à l’aube d’un second mandat ouvrent objectivement une voie royale à l’extrême droite.

Voilà trois mois déjà que les travailleuses et les travailleurs de ce pays se mobilisent en masse et avec une ténacité incroyable contre une réforme dogmatique, inique et régressive. Ces trois mois d’un mouvement soutenu très majoritairement et sans relâche par la population ont définitivement levé le voile sur la crise terrible de notre démocratie et l’obsolescence de nos institutions.

Cette lutte exemplaire par son unité, son sens des responsabilités, et sa fraternité a fait renaître l’espoir d’une démocratie refondée et à l’écoute de la société. Partout en France, se développent des initiatives citoyennes et militantes misant sur l’intelligence collective, et qui répondent à une forte aspiration au débat et à la participation.

L’entêtement et l’arrogance du Président de la République n’y feront rien. La lutte et la résistance populaire contre une politique et des réformes injustes et minoritaires ne font que commencer.

A la Culture comme partout en France,

on continue et on ne lâchera rien

Paris, le 17 avril 2023

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